Jessica Ruppert est l'ancien maire de New-York. Elle s'est toujours battue et a fait de grandes et belles choses pour sa ville. A présent, en 2007, elle appartient au gouvernement, en étant la secrétaire aux affaires sociales, alors qu'elle se trouve dans l'opposition démocrate. Aujourd'hui est d'ailleurs un grand jour, puisque toute l'Amérique attend le discours que doit prononcer Jessica dans l'hémicycle du Congrès, à Washington. Un discours qui serait l'occasion, d'après les journalistes, d'annoncer pas moins de deux cents idées qui changeraient la vie des américains...
Tandis que Jessica Ruppert s'avance, le discours à la main, elle est sèchement accueillie par les députés : une centaine d'entre eux ne daigne pas se lever de leur chaise, ce qui est un véritable affront pour un invité de l'hémicycle... On jette à la figure certaines décisions pourtant pleines de bon sens, du temps où Jessica était maire à New-York... On lui reproche d'avoir racheté des appartements pourtant à l'abandon à de trop bas prix, ce qui a pourtant permis la réhabilitation de quartiers entiers...
Encore maintenant, des milliers de personnes viennent de tous les Etats-Unis vers New-York, afin de profiter de ce qu'on appelle les appartements Ruppert. C'est le cas de cet homme dans le train, qui n'a rien de précieux sur cette Terre en dehors de son fils. Un homme que les gens ne remarquent même pas, ou insultent dans le pire des cas. Le discours de Jessica Ruppert est ainsi censé amener de l'espoir à de nombreuses personnes, notamment les milliers de pauvres qui s'entassent dans de véritables bidonvilles à proximité de la grosse pomme.
Et puis il y a Amy, la fille de Jessica. Une petite courageuse qui a de gros problèmes de mémoire. Une petite fille qui ne va pas tarder à s'effondrer en voyant la mine déconfite de sa mère face à la réaction des députés et des foules qui sont contre ses propositions...
Et dans la réalité, il serait intéressant de voir comment nos politiques réagiraient si l'un d'entre eux avait le courage de prôner le toujours moins au lieu du toujours plus, non ? C'est en tout cas à une réflexion de ce style que nous proposent d'assister Brunschwig et Hirn, dix années après Le pouvoir des innocents, série qui mettait déjà en place Jessica Ruppert, lors de son élection à la mairie de New-York.
Graphiquement, rien n'est à redire : le dessin de Hirn est toujours aussi fin, beau, faisant la part belle à des expressions parfaitement réussies. Chose importante, l'homme est capable de faire parler ses personnages sans que la moindre bulle ne soit nécessaire durant un bon nombre de cases par moment : une preuve imparable de la qualité du dessin, à laquelle on ne peut que parfaitement adhérer.
Côté scénario, Brunschwig fait une fois de plus se poser des questions, tant le sujet est réaliste et grave. On ne peut s'empêcher de penser que tout cela pourrait arriver, même à une si grande échelle. Le monde devient de plus en plus fou ici, et fait froid dans le dos. La narration est imparable, avec un rythme qui enchaîne les dialogues et les actions à un rythme endiablé. On passe d'une scène à l'autre avec une facilité déconcertante, et il est impossible de lâcher le livre avant de l'avoir terminé.
En tout cas, une nouvelle très belle réussite pour les éditions Futuropolis ! Il ne reste qu'à espérer que le premier tome de Car l'enfer est ici atteigne le même niveau...