Une blessure psychologique qui, même après plusieurs mois, ne veut pas guérir, une virée américaine qui tourne au cauchemar psychopathe et un mentor qui n'est plus vraiment ce qu'il était, voilà de quoi déstabiliser le plus équilibré des anthropologues. Et David Hunter n'est pas exactement au mieux de sa forme.
Alors qu'il fuit un appartement sans compagne où il revoit en permanence les images de l'agression qui a failli lui coûter la vie, Hunter est contraint par son ami Tom Liebermann à se détourner des dépouilles théoriques de la Ferme des cadavres pour se pencher avec lui de manière plus tangible sur la piste de macchabées qu'un mystérieux tueur en série sème derrière lui. Bravache et tenace, Hunter s'accroche de son mieux à cette enquête qui pourrait le sortir enfin de sa torpeur frileuse et de son mal-être, mais il ne sait même pas lui-même s'il est suffisamment remis du traumatisme causé par sa dernière aventure (Poussière d'Os) pour affronter simultanément le déni de ses compétences et les délires d'un malade?
Quel soulagement à la parution du troisième opus des aventures de notre anthropologue favori ! Simon Beckett avait vraiment réussi à faire croire à son lecteur, malgré l'invraisemblance marketing que cela semblait représenter au vu du succès de son personnage, qu'il avait tué la vache à lait au bout seulement de deux aventures. Reconnaissons que cela aurait été particulièrement percutant et innovateur, mais que nous n'aurions pas eu le plaisir de retrouver notre flegmatique héros so british. Les Murmures des morts ravive donc notre intérêt, agrémente la science crue de la médecine légale d'une sauce à l'américaine, dévoile à nos sens en éveil les atmosphères moites du Mississippi, et pimente ici et là de suspense un ballet bien ficelé de personnages attachants qui, sans en faire trop, détournent notre attention d'un dénouement qui reste en définitive une vraie surprise.
