Les Chroniques de l'Imaginaire

Il était une fois un crime - Jackson, Lee

Dora Jones est une jeune femme bien sous tous rapports, ayant épousé un homme peu fortuné mais plein d'ambition et très comme il faut. Il leur a offert un domicile de choix, malgré ses petits moyens, dans un quartier huppé, et travaille dur pour ne jamais avoir à toucher à la dot de sa femme. Alors pourquoi cet homme si respectable disparaît-il de la surface du globe au moment où la police retrouve sa compagne, la tête fracassée ? Et que signifient ces mots, pour le moins énigmatiques, qui accompagnent les quelques pages d'un journal dans lesquelles il se désigne comme coupable de la tragédie ?

Ainsi débute Il était une fois un crime. Jolie introduction à ce roman constitué en majeure partie du journal intime de Jacob Jones, le principal suspect du crime, ponctué ici et là d'incursions diégétiques au présent de narration qui nous remettent de proche en proche en contact avec les policiers et nous permettent de suivre l'avancée de l'enquête - qui piétine. Les transitions entre ces deux pans de textes sont la plupart du temps bien, voire brillamment, amenées, comme dans le premier chapitre où l'on se retrouve sans trop savoir comment pris dans les élucubrations du diariste. Malheureusement, ces sauts permanents de niveau finissent par produire un effet de cassure narrative, qui, brisant le rythme et le suspense, nuisent à la trame globale.

De plus, le personnage principal n'a rien de vraiment attrayant. Préoccupé uniquement de l'image donnée à ses pairs et de sa réussite sociale, il devient vite agaçant avec ses éternels questionnements sur ce qui est convenable ou non. L’enquête n’est pas non plus à porter au crédit de cet ouvrage, en tant que polar. Toutefois, si en soi l’intrigue ne correspond pas exactement à mes attentes en matière de lecture policière, je dois reconnaître que Jackson Lee réussit parfaitement à rendre l’ambiance fin XVIIIème de la Londres victorienne, le mode de vie, l’ambiance dans les rues ou dans les foyers, on s’y croirait ! Plusieurs internautes friands de policier historique semblent d’ailleurs avoir beaucoup apprécié cet ouvrage.

Je finirai en parlant du travail d’édition. Je trouve dommage que la couverture ne rende pas réellement hommage au contenu : cette simple machine à écrire donne un peu une image vieillotte que l’on associerait volontiers à la série télévisée un peu datée Arabesque, d’autant que l’on ne s’attend pas forcément à plonger pour tout un roman dans les pages d’un journal ; le titre Il était une fois un meurtre pervertit un peu à mon avis le Diary of a Murder voulu par l’auteur.