Dans une tour du garde, à la frontière septentrionale du royaume d'Alstavik, les hommes s'ennuient. Ils gardent une frontière qui n'a plus vu aucune incursion depuis la victoire du royaume sur les légions centaures, il y a plus de dix ans. Les hommes pensent qu'ils seraient plus utiles sur les régions côtières, là où les forces du Mog Ruith du roi Lug tentent des percées. Seulement, ce jour où les hommes s'interrogent restera dans les annales comme celui où les imposants centaures revinrent réclamer vengeance, parce qu'ils sont aux portes du royaume.
Ce royaume divisé. Sur le trône, Rildrig, un roi entêté et impulsif qui a bien du mal à conserver son peuple derrière lui. Ce dernier lui préfère son frère, Sigvald, qui lui a contesté l'autorité que voulait lui donner son père en lui cédant le trône. Il combattit son frère en duel mais le perdit, pas forcément tout à fait loyalement. Pour cela, il fut emprisonné. Mais des partisans le délivrèrent. Et, depuis, il mène une guérilla contre son frère, pour l'affaiblir et, peut-être, récupérer son royaume, qu'il pense pouvoir mieux diriger.
C'est donc un royaume exsangue et divisé que les centaures et les troupes du roi Lug vont trouver face à eux. Un royaume qui n'en aura plus pour très longtemps s'il n'arrive pas à ne faire qu'un face à l'ennemi. Peut-être que le salut viendra d'Elfi, la princesse restée près de Rildrig mais dont les pensées n'ont jamais cessées d'aller vers Sigvald.
Sylvain Runberg se frotte une nouvelle fois à une épopée scandinave. Nous ne sommes pas ici dans un contexte historique puisque nous sommes face à des légions centaures, des démons Dvergars qui veulent à tout prix voler les yeux de ceux qui croisent leur chemin et de la magie runique capable de ramener les morts à la vie sous forme de guerriers berserker. Par contre, il semble que tout ce qui touche de près ou de loin aux coutumes soient assez préservés. Du coup, cela donne un mélange très intéressant à lire. Surtout que le contexte, certes classique, d'une guerre fratricide, donne des éléments d'intrigues nombreux. Le tout est mené avec intelligence et il arrive à nous prendre à contrepied. Là où on pensait que la série allait tourner d'une certaine manière, elle part dans le sens inverse. Bonne initiative.
Le récit est agrémenté de nombreux flashbacks pour nous exposer les faits qui ont conduit à la situation actuelle. C'est bien mieux que de longs passages en voix off ou en explications sans fin. Surtout que pas une seule fois le lecteur ne se perd dans le temps. Il est vrai que Runberg a trouvé un compagnon de route fabuleux, en la personne de Juzhen. Il fournit un travail magnifique sur toutes les planches. Les personnages masculins sont travaillés et ont des gueules certaines tandis qu'Elfi, la femme du récit, est toute en beauté et en délicatesse. Les monstres ne sont pas en reste et je ne vous parle même pas des décors, très travaillés.
Ce premier tome de Konungar annonce une nouvelle série qui veut taper fort, très fort, et qui risque bien d'y parvenir. C'est tout ce que je lui souhaite, pour que nous puissions, nous aussi, en profiter aussi longtemps qu'il sera nécessaire. En espérant une suite très prochainement pour nous replonger avec délectation dans ce royaume d'Alstavik.
