Fin mai 1968, à Paris. Des hommes de la banque de France s'apprêtent à prendre le métro afin d'amener une énorme somme de 200 millions de francs à Vincennes. Tout est calme pour le moment, et le métro démarre avec tous ces hommes à bord. Mais rapidement, cela dégénère : des hommes stoppent la rame, des coups de feu mortels sont échangés de manière nourrie, et la somme est désormais subtilisée.
Parmi les malfaiteurs, un certain Georges Delpérier. Le partage de la somme va devoir se faire prochainement, mais avant cela, Georges doit récupérer sa soeur qui est avec les manifestants, dans Paris, un soir où les affrontements risquent de sérieusement dégénérer. Les choses se passent mal : Marie, la petite soeur, est en lieu sûr, mais Georges est tabassé par les flics qui sont là pour calmer les manifestants. Il est d'ailleurs laissé pour mort...
Cinq ans après ces faits, Paris est divisé en différents quartiers. L'imagination est au pouvoir, comme le prône le jeune Daniel Cohn-Bendit. La reconstruction a débuté, et les matériaux utilisés n'ont plus grand chose à voir avec les vieilles architectures parisiennes. On se retrouve avec une architecture que les chemises de Jimi Hendrix ne renieraient pas, au grand désarroi des traditionnalistes comme un certain François Mitterand.
Mais il est un homme qui va pouvoir ébranler toutes les relations qui se mettent ainsi en place, en la personne de Georges Delpérier. Ce dernier n'est pas mort, ce soir de Mai 68, et certains de ses complices, aujourd'hui haut placés, le savaient bien. Il est maintenant bien décidé à se venger, et à récupérer la part de ce butin de 200 millions de francs. Pour ce faire, tous les moyens seront bons...
C'est encore dans une époque riche dans l'histoire de notre pays que se déroule l'action de ce sixième tome de Jour J, une série qui devait à la base faire cinq tomes. Ce n'est pas la première fois que Paris est le théâtre de cette série, après l'occupation de la ville par les allemands. Graphiquement, l'occasion est belle d'avoir des bâtiments aux architectures pour le moins peace and love : de quoi s'éclater pour Mr Fab, ou encore pour Manchu et Fred Blanchard qui signent la couverture de l'album. Les personnages sont bien travaillés, avec des dessins pleins de mouvements, et facilement reconnaissables lors des flashbacks qui émaillent le récit.
Côté scénario, Duval et Pécau parviennent à faire cohabiter de manière convaincante des personnages fictifs et des personnages politiques bien réels, principalement Mitterand, Chirac ou Daniel Cohn Bendit. Ces derniers sont judicieusement utilisés, et sont tout à fait reconnaissables, aussi bien physiquement que dans leur manière d'agir.
En définitive, un tome convaincant pour cette série, bien réalisé sur le fond et la forme : de quoi plaire aux inconditionnels des what if...