Les Chroniques de l'Imaginaire

Robespierre - Schmidt, Joël

A l'évocation du nom de Robespierre chacun pense spontanément à la Révolution française, qui a marqué un tournant majeur dans notre histoire, mais aussi à une de ses corollaires moins heureuses, la Terreur. Dans nos livres scolaires, cet homme en était le visage. Or Joël Schmidt nous permet de l'appréhender sous un éclairage nouveau. Robespierre n'était pas un monstre sanguinaire, c'était avant tout un idéaliste.

Né à Arras en 1758 dans une famille bourgeoise, Maximilien de Robespierre se voit vite attribuer le rôle de chef de famille, sa mère étant morte en couches lorsqu'il avait six ans et son père ayant mis les voiles. C'est un élève brillant, épris de culture romaine, si bien qu'on l'appelle le Romain. Sa conscience politique s'éveille auprès de l'étude de la République romaine et des grands auteurs. A travers le récit de son enfance, Joël Schmidt nous permet de comprendre comment l'idée d'une monarchie républicaine s'est frayée un chemin dans l'esprit de Robespierre, lui qui était issu de la bourgeoisie mais pauvre.

Toute sa vie, toute son énergie seront mises au profit de la quête d'une république égalitaire et juste. Comme le disait Mirabeau à son encontre, "celui-là ira loin, il croit tout ce qu'il dit". Contrairement à ses homologues députés, il n'est pas intéressé par les affaires de femme, ni d'argent. Son sens de l'honnêteté est exemplaire. Malheureusement il en attendra autant d'autrui et c'est ce qui le conduira à sa perte, malgré le soutien du peuple.

Cet ouvrage est très éclairant pour connaître la place réelle de Robespierre dans cette période de l'histoire française, et savoir qui il était vraiment. L'auteur ne prend pas parti pour lui, se montre même assez critique. Il met à nu ses défauts qui lui ont causé tant de torts, ses erreurs de jugement. Mais il dévoile aussi les aspirations altruistes de cet homme dévoué au peuple. L'érudition de Joël Schmidt en matière de monde antique lui permet de plus de mettre régulièrement en parallèle les agissements et discours de Robespierre avec ceux qui l'ont inspiré, soulignant ainsi le caractère utopique de sa quête. Non, Robespierre n'était pas un monstre après tout. Et je dois admettre que malgré les nombreuses exécutions injustes qui lui sont dûes, je referme cette biographie avec une sincère admiration pour cet homme qui a sacrifié sa vie à un idéal impossible.