Elric a fait le serment de ne plus jamais sortir Stormbringer, son épée noire, sa meilleure amie, sa pire ennemie, celle qui boit les âmes pour lui redonner force et vitalité. Mais la dépendance est telle qu'il ne peut vivre sans sentir les pulsations de Stormbringer sur son flanc... Une seule et unique chose pourrait le délier de cette addiction, le suc de l'anémone noire, une fleur qui ne s'éveille qu'une fois par siècle au centre de l'antique cité de Soom, perdue dans une jungle millénaire inextricable.
C'est un empereur déchu et mourrant qu'il prendra la route, aidé comme toujours par le fameux Tristelune.
Lorsque Moorcock, le créateur de l'un des pilliers de la fantasy, décide de publier une nouvelle aventure de son héros en s'associant avec un auteur français plutôt doué, Colin, on ne peut être qu'intéressé ! D'autant que leur collaboration est des plus réussies. Moorcock pense, Colin écrit. Nous sommes, ainsi, face à une oeuvre originale directement écrite en français.
Cette aventure se place dans le cycle d'Elric quelque part après l'épisode quatre. Ce n'est donc pas une relance de ce cycle qui est, bel et bien, terminé. Cette histoire est développée comme les récits de la série, courte, pêchue et plutôt linéaire. Elric doit se rendre dans une cité perdue au milieu de la jungle et des événements vont se produire sur son chemin : une vraie ligne (dans son sens premier) scénaristique. Ca se dévore de bout en bout, les combats sont splendides et extrêmement captivants. De plus, le souci présent dans certains épisodes originels (lire vingt pages en cinq minutes puis prendre un quart d'heure pour lire une seule page alambiquée et excessivement lente) est évité.
Ensuite, relire du Elric, c'est comme retrouver d'anciens amis, un vrai plaisir, ça fait du bien et ça donne un grand sourire.
Enfin, pour les jeunes et moins jeunes lecteurs qui ne connaissent pas Elric et qui se sentent attirés par ce beau livre, bien réalisé et avec une jolie carte en couleur, je ne saurais que trop leur conseiller de lire les premiers épisodes des aventures de l'albinos. Ce tome-ci peut être lu indépendamment mais, à cause des références et des nombreux souvenirs, cela gâcherait le plaisir de la découverte des premières étapes de la vie du Mélnibonéen.
Au final, ce livre a néanmoins deux problèmes. Le premier est que la fin, totalement jouissive, arrive bien trop vite et malgré l'intensité, un sentiment de trop peu demeure tellement ce qu'on vient de lire est puissant et passionnant. Le second problème, je vous laisse le découvrir de vous-mêmes...