Fedor Grandcha est le responsable du Village, ce lieu qui n'existe pas mais qui est censé recycler, dans un sens ou dans un autre, les agents des services secrets soviétiques. Quand arrive Svetlana Macha par hélicoptère, Fedor a un choc. C'est une sublime femme rousse qui ressemble parfaitement à l'image qu'il s'était faite de la reine dans le conte " La reine des neiges ". C'était une de ses lectures préférées, même si elle ne colle pas parfaitement au genre de lecture que le parti encourage. Lui si sûr de lui habituellement a bien du mal à trouver ses mots en sa présence. Cependant, il faut qu'il remplisse sa mission et préparer Svetlana, comme on le lui a demandé.
Comme on peut s'en douter, la présence de Svetlana n'aura pas pour seule conséquence le fait que Grandcha soit très attiré par elle. Mais les autres conséquences, lourdes et dramatiques, je vous laissera les découvrir par vous-mêmes en lisant ce troisième tome de Le Village.
Il est intéressant de nous proposer dès à présent une aventure où Grandcha, figure emblématique du Village, joue un rôle central. Puisque nous allons suivre ce groupe enfermés dans ce lieu qui n'existe pas, il est important pour nous d'en savoir plus sur eux. Et quoi de mieux que de les inclure un peu plus profondément dans le récit pour cela ? Alors, oui, l'intrigue en elle-même n'est pas très poussée, mais ce n'était sans doute pas le but de Rodolphe en l'écrivant. Je pense qu'il a avant tout voulu donner plus d'ampleur et de profondeur à ce personnage énigmatique qu'est Fedor Grandcha. Et il y réussit. Des traits très importants vont nous être révélés. Qui prouvent aussi que les soviétiques, malgré tout le mal qu'on pouvait en penser à l'Ouest, étaient avant tout des hommes. Avec une culture différente, certes, mais des hommes tout de même.
Bertrand Marchal nous livre un travail réaliste toujours très soigné. Il a pris soin de dessiner une Svetlana envoûtante. Pas étonnant que Grandcha en tombe amoureux ! Mais il ne faut pas non plus oublier tout le reste de son travail, très bien réalisé. Il magnifie tout à fait ce récit certes moins politisé que les précédents, mais qui n'en est pas moins intéressant pour la suite de Le Village. Personne n'est infaillible, et c'est bien de le savoir.
