Les Chroniques de l'Imaginaire

La 25e note (Shahidas - 2) - Galandon, Laurent & Volante, Frédéric

Mahmoud Sarraj termine sa convalescence à l'hôpital. Son beau-père lui a amené sa fille, Yasmina. Elle est toute excitée parce qu'elle a été choisie pour participer à un concert pour la paix, après les vacances. D'ailleurs, son grand-père veut bien l'envoyer dans une colonie de vacances "musicale" pour qu'elle se perfectionne encore. Mahmoud n'y voit aucune objection. Mais cela ne change rien aux sentiments qu'il éprouve pour le père de son épouse défunte. Une épouse qu'il croyait connaitre mais dont il ne sait plus quoi penser. Les services secrets lui ont en effet montré une vidéo où on la voit revendiquer un acte terroriste. Tamimi, elle, une shahida ! Comment est-ce possible ? Comment Saraj, policier, n'a-t-il rien vu venir ?

C'est bien ce qu'il compte éclaircir. Cependant, il est en vacances forcées et n'a plus la même autorité auprès de ces indicateurs. Mais il n'a plus non plus les mêmes barrières légales. Et il sait qu'il ne pourra plus jamais aller de l'avant s'il ne découvre pas le fin mot de l'histoire. Sur ce chemin rugueux et difficile, Mahmoud risque de découvrir nombre de choses. Des qu'il aurait préféré ne jamais connaitre. Des qui lui redonneront un certain espoir en la vie. Mais pour cela, il va falloir qu'il soit fort. Plus fort que les idées étriquées. Plus fort que ce qu'on aimerait bien faire de lui.

Le premier tome de Shahidas avait marqué les esprits. Le sujet était lourd mais parfaitement bien traité. Avec la stigmatisation systématique des musulmans par une grande frange de la population alors que seule une minorité a des pensées extrémistes, il n'est jamais simple d'aborder un sujet comme le terrorisme islamiste. Pourtant, Laurent Galandon et Frédéric Volante avaient su prendre le bon angle pour que les choses ne soient ni agressive ni trop sirupeuse. Bref, condamner des personnes sans montrer du doigt toute une population.

Avec ce second tome, les auteurs ont su poursuivre sur leur lancée. Nous rentrons par contre plus dans des explications qui sont là pour essayer de nous faire comprendre comment des personnes peuvent vouloir se sacrifier pour une autre. Personnellement, je trouve ça aberrant, mais je peux comprendre que des personnes faibles ou perdues puissent se laisser séduire par ce genre d'idéologie. N'y a-t-il pas aussi beaucoup de personnes qui se laissent embrigader dans des sectes ? Et les mouvements fondamentalistes, quels qu'ils soient, ne sont-ils rien d'autre que d'autres sortes de sectes ? D'ailleurs, le personnage d'Ilham est la représentation parfaite de ce qu'un manipulateur peut être : à la fois accueillant pour amadouer et ferme pour manipuler. Ce genre de personne sait très bien ce qu'il fait alors que ceux qui sont manipulés, par définition, non.

Pourtant, on trouve aussi beaucoup de notes d'espoir dans cette histoire. Dans les pensées de Tamimi que l'on va découvrir, par exemple. Mais on touchera l'horreur la plus profonde avec l'embrigadement des enfants. Mais je vous laisserai découvrir cela par vous-mêmes pour vous faire votre propre opinion. En tous cas, ce second tome tient toutes ses promesses, même si c'est pour nous raconter une histoire lourde de sens et profondément dure et bouleversante.