Zoo city, le quartier de Johannesbourg où se regroupent les animalés aussi appelés aposymbiotes ou tout simplement zoos. Qui sont-ils ? Des gens comme vous et moi qui un jour, ont franchi la ligne, commis un meurtre et se sont retrouvés depuis liés à un animal qui les a choisi. C'est là que vit Zinzi December avec son paresseux. Elle vivote tant bien que mal de son don qui consiste à pouvoir retrouver des objets perdus tout en aidant un des caïds du secteur à monter des arnaques 419, celles qui vous promettent sur Internet une vaste somme d'argent. Un jour, on lui demande de rechercher une personne disparue. Après un premier refus, elle finit par accepter et c'est le début d'un terrible engrenage qui va lentraîner dans les bas-fonds de la ville, à la découverte des autres et d'elle-même.
Sous couvert d'une intrigue assez classique de recherche d'une personne disparue, Lauren Bekkes nous propose surtout une visite guidée de Johannesbourg ou plutôt d'une vision particulière de cette ville. D'ailleurs, elle nous le dit dans son avant-propos : la ville est "un protagoniste à part entière". C'est une plongée glauque et terrible dans tout ce quil y a de plus noir. Langage, noms de lieux, musique, tout est là pour recréer l'atmosphère du lieu. Pour bien marquer la différence et insister sur le fait que nous sommes dans une vision fictive, il y a l'idée originale d'un animal qui apparait aux cotés des meurtriers pointant du doigt l'idée que la rédemption et la seconde chance sont quasiment impossibles dans cet univers où les humains se promènent avec la marque visible de leur crime. Mais le lien qui unit animal et animalé reste trop flou à mon goût.
En réalité, je ne sais trop quoi penser de ce roman. La construction est particulière, alternance de récit à la première personne et d'articles de type journalistique ou bloguesque servant à expliquer le contexte. Le problème est que parfois, les seconds nous semblent un peu ennuyeux et nous entravent dans la lecture. Quand au style, il est vivant avec une utilisation massive de termes dargot local, plongeant le lecteur dans l'ambiance. Si certains se justifient car ils expriment des notions typiques du lieu quon ne retrouve nulle part ailleurs, d'autres me sont plus apparus comme un frein, me contraignant à de constants allers-retours vers le glossaire final. Quand en prime, il manque la traduction de plusieurs termes, cela devient agaçant. Quant à lintrigue, elle apparait un peu brouillonne, assez longue à démarrer et carrément précipitée à la fin.
Je dirais donc que nous sommes en présence dun bon potentiel mais qui nest pas exploité à fond. Ou alors je suis totalement passée à côté de luvre. Notons quand même quelle a obtenu le Arthur C. Clarke Award 2010 du meilleur roman. Quand à la couverture, magnifique, réalisée par Joey Hi-Fi, elle a remporté le BSFA Award 2011 de la meilleure couverture.