Les Chroniques de l'Imaginaire

Pulp fiction

Los Angeles, le matin, dans un coffee shop. Deux amoureux discutent du bien fondé de changer leurs habitudes quant aux commerces qu'ils braquent. Et pourquoi pas un coffee shop ? Vincent Vega (oui, le frère de Vic Vega, le M. Blonde de Reservoir dogs) revient d'Amsterdam. En route pour un nouveau job pour Marsellus Wallace en compagnie de son ami Jules Winnfield, il discute des différences entre les États-Unis et le vieux continent et notamment des noms qui ne sont pas les mêmes chez McDonald. Quant à Butch Coolidge, un boxeur en fin de carrière, il doit effectuer son dernier combat pour le compte de Marcellus et a accepté de se coucher. Du moins, c'est ce qu'il a laissé croire.

Quel lien peut-il y avoir entre tous ces personnages qui n'ont vraiment aucune raison de se rencontrer ? Je vous laisserai le découvrir en regardant Pulp fiction et découvrir tous les autres personnages que Quentin Tarantino nous a concocté.

1994 allait être une année en or pour Quentin Tarantino, dans tous les sens du terme. Fort de son relatif succès avec Reservoir dogs, le réalisateur revient avec un film qui va être plus que remarqué. Pulp fiction obtiendra en effet la palme d'or au festival de Cannes. Et marquera toute une génération de spectateurs. Le secret ? La recette Tarantino qui marie un esthétisme populaire, un scénario à cadenas, des dialogues travaillés aux petits oignons, une bande originale remarquable, des acteurs parfaits dans leur rôle, de l'humour et de la violence. Tout ça dans le même film qui prend toujours autant plaisir à revisiter les références du cinéaste.

Le principe est toujours le même que pour Reservoir dogs : montrer des bouts d'histoire avec des personnages différents, mais pas du tout dans le bon ordre. Au spectateur de remettre les morceaux en place une fois le film terminé. Encore une fois, cela se fait de manière très simple, même si on se pose plein de questions pendant le film, espérant avoir les réponses un jour. Seulement, là où le premier film de Tarantino avait un nombre de personnages assez limités, qui se connaissaient tous, et des lieux assez réduits eux aussi, ici on voit plus grand. On voyage, on bouge, on s'évade. Ce qui donne tout de suite une toute autre dimension au film. On sort du côté underground que pouvait avoir Reservoir dogs pour atteindre d'autres cimes. Pourtant, la base reste la même. Les dialogues durent toujours longtemps et pourraient ne pas montrer un grand intérêt. Pourtant, ils sont portés par de grands acteurs qui assument leur rôle parfaitement et qui font donc vivre ses dialogues qui, finalement, deviennent des chef d'œuvres.

Nous sommes avec Tarantino, il y a donc de la violence, notamment avec ce crâne explosé dans la voiture. Pourtant, on est loin du brut du film précédent. C'est beaucoup plus mis en scène et donc plus accessible, même si une balle fait toujours mal et gicler des morceaux un peu partout. Ce qui atténue aussi cette violence, c'est l'humour omniprésent dans le film. Attention, on n'est pas dans de l'humour à la Jim Carrey. Samuel L. Jackson ne fait pas le clown quand il exécute un contrat. Mais c'est de l'humour fin dans les situations cocasses ou absurdes, dans les paroles et dans les relations avec l'autre.

Ce qui a fait aussi le succès du film, ou du moins de sa longévité dans les mémoires, c'est aussi sa bande son. Cette bande son est un CD que je sais beaucoup de personnes posséder, comme n'importe quel autre album, pas simplement comme un BOF. Le titre d'ouverture, Misirlou de Dick Dale, qui sera repris quelques années plus tard pour le générique eu premier Taxi, la musique sur laquelle dansent Travolta et Thurman, You never can tell de Chuck Berry, scène pastichée à merveille par les Guignols de l'époque, ou n'importe quel autre titre du disque sont de petits bijoux, même pour quelqu'un comme moi qui n'écoute pas ce genre de musique. Parce qu'on se remémore ainsi les bons moments du films. Les deux sont indissociables. D'ailleurs, la bande son sera un élément crucial dans les futurs films de Tarantino.

Cet homme a voulu faire un cinéma riche et populaire à la fois. Pas vraiment du film d'auteur, souvent trop élitiste, mais loin des blockbusters, Tarantino a voulu se situer au milieu de tout ça, arrivant ici avec une patte reconnaissable et reconnue. La suite de sa carrière sera faite de films qui auront plus ou moins de succès, mais toujours il assumera son côté décalé et pourtant accessible.

Avec Pulp fiction, un mythe est né. Ne passez surtout pas à côté.