C'est jour de fête à Caer Ludd. Maelgwn, le célèbre Galois rouge rentre au pays après avoir capturé le fils du diable qui sera sacrifié à la gloire du Roi Uther et de sa tour du Val Vert, qui n'a de cesse de s'écrouler à chaque tentative de reconstruction. Profitant d'un banquet un peu trop arrosé, un jeune homme curieux un peu irrévérencieux fait son apparition et prend à parti Roi et Chevalier. Merlin vient de s'inviter au château du Roi pour une mission dictée par son don de prescience. Loin de son coté rieur et un brin désinvolte, Merlin se bat en ses jeunes années contre la dualité qui l'habite. Engendré par le Diable et enfanté par une vierge, il y a en lui potentiellement autant de noir que de blanc. Se laissera-t-il guider par son humanité ? Pourra-t-il jouer le rôle qui lui incombe dans le futur lorsqu'il sera rentré en possession de tous ses pouvoirs ? D'autres se posent moins de questions et les adversaires seront nombreux et useront tant ses forces que sa détermination. Mais Merlin... C'est Merlin insondable et imprévisible... Comme seul Merlin peut l'être !
Encore un opus dérivé des légendes Arthuréennes. Cela peut paraître un peu effrayant dans un sens. On a vu et lu tant de choses, du bon comme du mauvais. Et c'est là que s'exerce tout le génie de Christian De Montella. Envisager la jeunesse de Merlin de manière originale n'était pas chose aisée. Barjavel y était parvenu, à sa manière bien particulière. De Montella le fait aussi de manière magistrale et avec peut être un peu plus de simplicité, rendant ainsi son oeuvre accessible à un public plus large.
Je dois avouer avoir été complètement emballée par ce Merlin si pétri d'humanité, si faillible en un sens, bluffée par la personnalité d'Uther qui sonne si juste, et complètement hérissée par Morgane et sa méchanceté. Oui, les personnages sont profonds et complexes à la fois.
Le style lui est incroyablement fluide, et le déroulement de l'histoire est si naturel, que l'on n'imagine pas qu'il puisse en être autrement. Petit point que j'ai particulièrement apprécié, c'est cette fidélité aux choses et à la ruse employée par Merlin pour permettre à Uther de rejoindre le lit d'Ygerne.
Le changement de narrateur occasionnel se couple avec un changement de calligraphie qui permet aussitôt de s'adapter au point de vue adopté par Maître Blaise, le biographe personnel de Merlin. Ces changements de narration nous permettent de connaitre les à cotés de l'histoire, ce qui a amené les choses au point où elles en sont (comme la naissance et la conception de Merlin) sans pour autant alourdir le récit ou se lancer dans des explications surchargées de détails qui rendraient la lecture bien plus difficile.
On appréciera aussi le petit précis en fin d'histoire qui permet de faire un point sur les termes employés et la situation historique dans laquelle se déroule le récit.
Vous l'aurez compris, ouvrir ce livre, c'est s'offrir un moment de bonheur, et je n'ai plus qu'une hâte, lire la suite !