Frank Temple III vient de recevoir le message qu'il attendait et qu'il craignait depuis le suicide de son père. Devin Matteson, l'homme qui a balancé le paternel au FBI, se dirige vers son bungalow de Tomahawk, un lieu sacré plein de souvenirs pour Frank. Bien conscient que c'est une mauvaise idée et absolument incertain de sa réaction, Frank taille la route à sa rencontre. Mais il y a un problème, Matteson n'est pas là. L'homme que Frank a pris pour Matteson est armé, nerveux et a des dollars plein les poches.
Frank Temple II était US marshall et un tueur à gage, Devin Matteson est un boss de la pègre de Miami.
Koryta délaisse son détective privé Lincoln Perry pour nous concocter une histoire de vengeance. Un récit mêlant relations père/fils, manipulation, complots, enquêtes et action qui prend plutôt bien. Depuis la mort de Frank II, Frank III vit pour échapper à son passé et oublier l'héritage de son père. Un héritage sous la forme d'un enseignement, le père a formé le fils pour qu'il marche dans ses pas. De plus, le fils Temple est coincé entre l'image de son père, tueur froid, donnée par les médias et celle de l'homme qu'il a connu, attentionné et bienveillant. Cela influence énormément le cours de sa vie, oscillant entre volonté vengeresse et la peur de devenir un tueur.
Ce livre démarre, ainsi, très bien avec ce jeune gars torturé par son passé qui fonce vers l'inconnu. Pour celui-ci, l'auteur abandonne l'environnement urbain pour placer l'action de son roman dans les forêts sombres du nord des USA qu'il décrit à merveille. Un paysage qui est assez rafraîchissant, en fait.
Après les premières cent cinquante pages, ça devient tordu et quelques longueurs marquent le récit tandis que les cadavres s'accumulent. Ensuite, les éléments se mettent en place, l'intrigue les fait converger afin que le lecteur ait une réponse à toutes les questions qu'il s'est posées jusqu'au final hollywoodien.
La nuit de Tomahawk est un bon polar américain et Koryta, malgré son jeune âge, sait écrire une histoire bien ficelée, pleine de rebondissements et subtile. Ses personnages se découvrent au fur et à mesure de la lecture et ont tout ce qu'il faut pour supporter le récit et être dignes d'intérêt. Seul le côté "américain" : l'indispensable amourette, les bad guys qui reçoivent une leçon et l'inévitable happy end, pourrait gâcher le tableau. Enfin, en ouvrant ce genre de livre, on s'y attend et, franchement, ce n'est pas si désagréable.
Koryta est un bon et va encore s'améliorer dans le futur. Au final, même si, à mon avis, ce roman n'est pas son meilleur, il vous fera passer un excellent moment.