Les Chroniques de l'Imaginaire

La piste des Souffreurs (Prophets - 2) - Grey, SoFee L.

Derrière les Six adolescents de la Prophétie, enfuis de Berccia la Maudite en compagnie de Shoei, la poursuite s'organise. Il y a Falcone, une fois remis des différents coups reçus à Berccia, Maehl de Drissend à bord de son dirigeable, Neya ainsi que cette princesse Zaliann qui est peut-être la septième...

N'importe lequel d'entre eux peut avoir monté l'embuscade qui a chassé les Six du fleuve qu'ils descendaient en radeau. En conséquence, ils vont s'engager comme mercenaires pour accompagner une caravane qui doit aller à Tiad en traversant les plaines d'Ysill infestées d'esclavagistes, les Marchands de Souffre.

L'histoire peut être considérée comme banale : des adolescents élus, nés pour réaliser une Prophétie, et dont les talents ont été forgés au feu d'une ville cruelle et perverse, et bien sûr des trahisons à tout va, ça vous a un petit air de déjà lu. Cela en soi n'est pas gênant, et constituerait même un point de départ tout à fait adéquat pour un bon roman jeunesse au rythme vif, d'autant que l'auteure a visiblement une imagination débordante pour créer des décors et des personnages, compliqués à souhait, ce qui donne une intrigue foisonnante.

Malheureusement, le rythme de l'action n'est pas vif du tout, alourdi par une écriture filandreuse, trop riche (comme on le dirait d'un plat en cuisine), mais où l'expression "franchement fun" (page 484) fait carrément tache. Par ailleurs, ce style compliqué, voire alambiqué, descriptif à plaisir, ignore la règle de la double négation et emploie par malheur à tout bout de champ des expressions grammaticalement fautives telles que "Rien qui ne leur soit étranger" (page 493) ou "sans qu'ils n'y puissent rien" (page 536), ou recherchées, mais fautives également : on abroge une loi antérieure, ou on s'arroge un droit, mais on ne "s'abroge (pas) le droit" (page 476) ! Pour qui aime la langue française, c'est exaspérant, limite insupportable. Cela dit, je suis totalement prête à croire qu'il s'agit là d'un péché de jeunesse, et que le goût d'une écriture plus légère viendra à l'auteure avec la maturité.

Enfin, il faut signaler que ce roman ne peut véritablement s'apprécier que si l'on a lu le premier tome. C'est un peu dommage, il faudrait envisager soit d'en informer le lecteur, soit de mettre un résumé du tome précédent. Par ailleurs, la fin en complet suspense portera les amateurs à réclamer la sortie prochaine du tome suivant.