Les Chroniques de l'Imaginaire

Silence radio - Rotenberg, Robert

Kevin Brace est une star de la radio, en vogue au Canada. Tellement apprécié qu'un directeur lui offre, sur un coussin, un contrat d'un million de dollars. Seulement le drame : un matin, il est découvert, les mains pleines de sang, marmonnant qu'il ne l'a pas tuée. Sa femme git dans la baignoire, une blessure au couteau dans l'abdomen. Alors serait-ce un "pétage de plomb" ou un accident ? Personne ne le sait. Et pour les deux enquêteurs sur les lieux ainsi que son avocate, le mystère reste complet puisque le présumé coupable s'est enfermé dans un mutisme absolu.

La trame commence par la découverte d'un meurtre, dont le coupable le plus évident, Kevin Brace, clame son innocence. Ça n'a rien d'original. Cependant, que l'interpelé s'enferme dans un terrible silence, rend le sujet surprenant. D'habitude, les prévenus se démènent pour prouver leur innocence, en inondant le juge de preuves plus ou moins convaincantes et de discours larmoyants. Mais Kevin a l'air de prendre ses droits au silence comme une défense efficace. Même envers son avocate, il ne laisse rien passer que quelques mots griffonnés sur des bouts de papier. Alors pourquoi demander, à cette alliée, un cahier et un stylo ?

Quant à l'enquête, sans le témoignage du premier concerné, les deux inspecteurs piétinent. Le contrat d'un million de dollars les interpellent. Pourquoi Brace l'aurait-il refusé ? Les recherches sur sa femme, la victime, ne donnent rien. Quant à la fouille minutieuse du passé de Kevin, elle ne révèle que l'existence d'une ex-femme, propriétaire d'un pause-déjeuner. Alors retour au contrat et sur les personnes qui l'ont lu. Ce passage du roman est long et peu intéressant. Les indices sur le meurtre sont inexistants et les quelques recherches sur la vie de la star n'ouvrent aucune piste. On s'ennuie et attend avec impatience le déclencheur, l'élément qui résoudra l'affaire et donnera au roman tout son panache.

L'histoire des personnages est intéressante : entre l'inspecteur aguerri et celui qui débute dans la police après avoir été avocat. Entre la jolie avocate déstabilisée et le procureur avenant, il y a de quoi s'identifier ou se prendre d'affinité. Or l'auteur ne semble pas trouver de l'intérêt à développer leurs identités. Se réserve-t-il pour d'autres ouvrages reprenant les mêmes personnages où il donnera par parcimonie des détails ?

Silence radio est un policier agréable à lire. Mais il manque le petit plus qui prend aux tripes et retient le lecteur dans son livre.