Alvar et Sambra sont maintenant les seigneurs de ces terres. Alvar l'ignore, mais en réalité, Sambra n'est pas sa fille, et ce mariage royal n'est pas déraisonnable. Pourtant, le bonheur sera de courte durée : alors que la fête bat son plein, Violena et Rador ont fait en sorte qu'une meute de chiens affamés s'en prenne aux moutons et aux brebis du royaume. Tandis qu'Alvar part tuer ces bêtes avec ses soldats, Sambra reste seule au royaume, protégée par un ours. Mais Violena et Rador ont tout prévu : pendant que l'ours a l'attention détournée par un immense pot de miel, ils en profitent pour infliger de terribles blessures à Sambra. Une fois celle-ci défigurée, Alvar ne pourra plus la désirer, et la vengeance de Violena prend ainsi forme...
Au retour d'Alvar, on pourrait penser que le dernier jour de Violena et Rador est arrivé. Pas du tout en fait... En voyant Sambra telle qu'elle est maintenant, Alvar devient beaucoup plus humain : il ne supporte désormais ni la cour, ni le trône, et abdique : il laisse le pouvoir à Violena et Rador, alors que lui vivra en ermite avec sa bien aimée, qu'il désire pour le moment toujours autant...
Mais après quelques temps dans la campagne, Alvar et Sambra doivent bien se rendre compte de l'évidence : Alvar ne désire plus Sambra comme avant. Seule la pitié pour ce corps meurtri demeure comme sentiment, et il devient insupportable pour le couple de continuer à faire l'amour. La décision est prise : Alvar se coupe les testicules et les offre comme engrais au pied d'un vieil arbre mourant. Désormais, Alvar ne sera plus qu'un père pour Sambra.
Au village, les choses sont toutes différentes : des centaines de corps de jeunes femmes sont sortis de terre. Les désirs nécrophages de Rador sont enfin mis en évidence : c'en est trop pour la population qui souffre depuis le changement de roi et de reine : il faut exécuter ces meurtriers... La chose est bien rapidement faite, et bien vite, le peuple se tourne vers Alvar. Celui-ci ne désire pas revenir au trône dans un premier temps, mais des évènements extraordinaires vont vite le faire changer d'avis...
C'est le second et dernier tome de Sang royal que nous tenons là : comme pour le premier tome, les dessins de Dongzi Liu sont de toute beauté. Les détails sont légion, les expressions des visages font l'objet d'un immense soin, et pour autant, le lecteur n'a jamais l'impression de scènes statiques. Les scènes d'action, souvent violentes, sont faites avec assez de mouvements pour que cela reste suffisamment réaliste.
Côté scénario, nous retrouvons des personnages tout à fait dignes de Jodorowsky, qui ont bien souvent des réactions imprévisibles et exacerbées. Pour autant, Alvar surprend en étant beaucoup plus posé et sage que dans le tome précédent, où ces adjectifs ne lui correspondaient en rien. La série est ainsi vraiment réussie, car composée de deux tomes fondamentalement différent au niveau des personnages : une véritable prise de conscience a eu lieu dans la boucherie, et de vraies questions sont posées sur l'amour, la guerre, et la vieillesse...
Un second tome qui clôt admirablement ce diptyque donc, qu'il n'est désormais plus possible de ne pas se procurer !