Davis est un jeune dealer de seize ans. C'est aussi un Don Juan. Angel, quinze ans, lui, c'est le vol de voiture avec violence et complice qu'il maîtrise le mieux. Butch (dix-sept ans), on ne sait pas trop pourquoi il est déjà enfermé. Mais avoir éborgné un gardien lui vaut le même traitement : un envoi direct dans la prison pour mineurs d'Enola Vale. Quand ils arrivent, ils se rendent compte qu'il va falloir qu'ils se plient à de nouvelles règles. Celles de matons, dans un premier temps. Mais surtout celle des autres détenus. Et celles de Banks, le caïd de la tôle, qui est aussi dans les petits papiers de la hiérarchie.
Angel n'est pas très grand et il ne cherche de merde à personne, du coup, on le laisse tranquille. Davis, par contre, avec ses pompes à cent dollars, attire la convoitise de Banks. Ce n'est pas un violent, lui, il est " juste "dealer". Il ne sait pas comment faire pour se défendre. À part peut-être rester dans le giron de Butch. Lui, Banks a tout de suite compris qu'il fallait le mater. Il va donc avoir le droit à un passage à tabac dans les règles pendant la nuit. Et aussi à un séjour en isolement pour avoir refusé de dire qui lui avait fait les marques qu'il avait au visage. Mais Butch n'est pas du genre à se laisser faire. Et surtout, il ne laisse jamais personne lui marcher sur les pieds sans le lui faire payer.
Entre Butch et Banks, la guerre est déclarée.
Dog pound est le deuxième long métrage de Kim Chapiron, à qui on doit déjà l'OVNI Sheïtan. Comme on s'en doute, le réalisateur n'a pas cherché à édulcorer son propos quant à cet univers carcéral pour jeunes délinquants. Ce qui donne un film coup de poing qui prend aux tripes et met mal à l'aise. Il faut dire que les acteurs sont particulièrement présents dans leur rôle. Adam Butcher joue un Butch dont la nervosité et la violence transpire à travers l'écran. Le malaise de Davis met plus de temps à se mettre en place. Il ne veut pas montrer ses faiblesses de peur de passer pour une mauviette. Angel est plus passe partout. Est-ce pour cela que cela finira mieux pour lui ?
Banks, cette terreur, est jouée par Taylor Poulin. Il n'est pas un acteur professionnel et Kim Chapiron l'a rencontré dans un établissement pénitencier dans lequel il effectuait une peine. Il connait donc bien le sujet. Ce n'est peut-être pas pour rien d'ailleurs qu'il inspire autant la crainte, même à ceux bien sagement assis dans leur fauteuil de spectateur. Même si ce choix aurait sans doute pu être discutableet discuté, il reste que ce personnage joue beaucoup aussi dans la sensation de malaise qu'inspire le film.
Par contre, je trouve dommage qu'il ne soit fait mention nulle part que le film est très très largement inspiré de Scum d'Alan Clarke. On pourrait presque même parlé de remake tellement des similitudes sont évidentes. Je veux bien croire que Kim Chapiron s'est inspiré de ses rencontres dans les prisons qu'il a visité, notamment pour les personnages. Mais pour ce qui est des évènements du film, c'est Scum. Ok, ce n'est pas forcément le film que tout le monde a vu mais il est bon de rendre à César ce qui appartient à César.
Dog pound n'est clairement pas un film grand public. Moins barré que Sheïtan, il n'en est pas moins dérangeant. Pas de la même manière, mais comme il est ancré dans le réel, il tape là où ça fait mal. La fin elle-même va faire que le film continuera à vous penser pendant quelques temps après l'avoir vu.