Les Chroniques de l'Imaginaire

La route

Le monde tel que nous le connaissons n'existe plus. Il y a une dizaine d'année, un éclair aveuglant a tout englobé. Puis rien. Il n'y avait plus d'énergie, plus de végétation. La nourriture se fit aussi de plus en plus rare. Le monde n'est plus que cendres et le soleil est perpétuellement caché derrière des nuages menaçants. C'est dans ce monde dévasté qu'un père et son fils marchent. Leur but : le Sud. Ils poussent devant eux un caddie de supermarché rempli de leurs seules richesses, c'est-à-dire peu de choses. Ils restent ensemble, seuls, ne pouvant faire confiance à personne. Parce que devant le manque de nourriture, certains se sont organisés. Et le cannibalisme a fait surface.

En quête de ressources, toujours dans la méfiance de l'autre, ce père et ce fils avancent. Lui se rappelle le temps d'avant. Il se rappelle aussi le temps d'après, mais quand sa femme était encore là. Elle s'est donné la mort en partant seule, la nuit, dans le froid de ce monde inhospitalier. Elle n'en pouvait plus. Lui a préféré survivre pour garder une lueur d'espoir : son fils. Pour lui, il est la lumière de l'avenir et il ne peut donc qu'avancer pour qu'elle puisse un jour briller.

La route est une adaptation du livre éponyme de Cormac McCarthy. C'est un film post-apocalyptique audacieux qui voulait volontairement ne pas ressembler à la référence dans le genre : Mad Max. Effectivement, cela ne ressemble pas du tout. Le rythme est assez lent, même si les scènes de tension sont intenses. Pourtant, on ne s'ennuie pas une seule seconde. La prestation de Viggo Mortensen y est sans doute pour beaucoup. Il est parfait dans ce rôle de père qui fait tout ce qu'il peut pour que son fils survive dans un monde sans aucun espoir. Mais il faut aussi parler de Kodi Smit-McPhee qui est grandiose dans son rôle. Il fait confiance à son père pour survivre mais lui apprend aussi beaucoup, quand son père est perdu dans la noirceur de la méfiance. Il lui montre que pour changer le monde, il va falloir d'abord apprendre à se changer soi-même.

De prime abord, rien ne semble justifier l'interdiction aux moins de douze ans que porte le film. Pourtant, il y a des scènes choquantes, quand le duo croise des cannibales, notamment. Il y a aussi des scènes qui pourraient être perturbantes et que les enfants ne pourraient pas forcément comprendre, comme quand la mère part et laisse sa famille derrière elle, parce qu'elle n'en peut plus. Du coup, oui, cette interdiction se justifie, même s'il n'y a pas forcément des cadavres partout et du sang qui gicle dans tous les sens.

Comme je le disais, La route est audacieux dans son sujet et dans son traitement. Il peut se voir à plusieurs niveaux. Ce n'est pas un film d'action, c'est certain, mais c'est pourtant un très bon film d'anticipation. Est-ce le futur qui nous est réservé ? Je ne saurai le dire. Mais je ne le souhaite pas. Pour personne.