Les Chroniques de l'Imaginaire

Le sang des bâtisseurs (Le sang des bâtisseurs - 2) - Le Galli, Michaël & Jaffredo, Marie

Nous sommes dans la cité d'Eyglières, dont le seigneur est Bertran d'Eyglières de Montrey. Les meurtres qui ont lieu parmi les bâtisseurs de la nouvelle abbaye ont provoqué bon nombre de désertions ou d'abandons de postes parmi les ouvriers. Heureusement, Margot, la maître bâtisseuse, est une femme pleine de connaissances et de ressources : Tegwen, un bon ami à elle, a fait la route depuis Paris, avec un gros paquet d'ouvriers, pour venir prêter main forte sur la construction de l'abbaye d'Eyglières. Le moral repart ainsi au beau fixe, malgré l'hiver, jusqu'à ce que Margot explique à Tegwen la découverte de la grotte sous l'abbaye, où de nombreuses traces de sang ont été découvertes...

Il semble bien en tout cas que ce soit sous l'abbaye même que nombre d'ouvriers ont été torturés et privés de tel ou tel autre organe. Et ce toujours après d'horribles cauchemars faits par Margot... Cette dernière confie à Tegwen qu'elle ne fait pas totalement confiance en Bertran, et en sa compagne. Margot a en revanche une autre alliée amie du nom de Jehane. La jeune adolescente a un père pour le moins violent lorsqu'il est saoûl, du nom de Gauthier. Elle dit que chaque soir, son père part de la maison et se rend à un étrange rendez-vous dans les bois environnants. De plus, Margot apprend qu'une confrérie qui n'a rien de chrétien existe au village. Une confrérie qui est tolérée par Bertran, en secret de l'évêque...

Cette confrérie est celle des liges de Bormanus, qui sont normalement là pour soigner et guérir les gens du peuple. Il paraît ainsi tout à fait étonnant que ce soient ces hommes qui soient responsables des horreurs infligées aux ouvriers de l'abbaye. A moins que de terribles pressions ne leur enjoignent de tels agissements ?

Il est plutôt rare d'avoir à lire un polar qui se déroule au Moyen-Âge. C'est pourtant bien ce qui est proposé aux lecteurs avec de diptyque paru chez Vents d'Ouest. Les personnages y sont bien travaillés, et il est bien difficile de déterminer qui y est dans le camp des assassins. D'autant que cette histoire, qui s'inscrit dans l'Histoire, a des ramifications vers des personnages pour le moins hauts placés dans cette société.

Les traits de Marie Jaffredo sont toujours aussi fins, aussi bien avec certains visages (notamment les féminins) qu'avec les décors et les dessins d'architectures. Les scènes d'actions souffrent simplement d'un manque de mouvements, et on pourra juste parfois reprocher un côté trop statique à tel ou tel personnage dans ces moments. Pour autant, un vrai travail de recherches se ressent au travers de ces planches, et on ne pourra que se dire que ces dessins collent franchement de belle manière au scénario de Michael Le Galli.

En définitive, cette série reste une jolie surprise, et constitue une bien agréable lecture, même si elle n'atteint pas forcément le niveau d'autres séries de la même époque, comme Millénaire par exemple, même si ce dernier bénéficie d'un aspect fantastique non négligeable.