Raoul Pérot est fort heureux de l'autorisation qui lui a été accordée par la Préfecture de déposer ses boîtes de livres à un emplacement qui lui a été octroyé quai Voltaire. Il peut enfin changer de vie, réaliser son rêve : pour lui, fini, les cadavres et les assassins, tout ce monde stressant de la police où il a passé une grande partie de sa vie ! Fini ? Voire ! Car un jour son voisin d'étalage, Fulbert Bottier, découvre dans ses boîtes le cadavre d'un homme sans tête, cependant que les habitués des bouquinistes semblent disparaître les uns après les autres. Pas d'autre choix pour l'ex-commissaire que de sonner ses ex-collègues...
Mais comme Fulbert n'est autre que le parrain de Joseph Pignot, celui-ci et son compère Victor Legris vont aussi enquêter sur une bien étrange affaire, à l'enjeu bien plus vaste qu'on ne pourrait le croire.
La reconstitution minutieuse du Paris de 1898 secoué par l'affaire Dreyfus est vraiment intéressante et crédible. Comme dans les romans précédents de cet auteur bicéphale (Claude Izner est le pseudonyme de deux soeurs, Liliane Korb et Laurence Lefèvre), on entend parler les gens, rouler les "omnibus", tapoter les talons de l'assassin, dans une incessante cacophonie. C'est donc un roman d'atmosphère, mais l'enquête n'en est pas négligée pour autant. Certes, il y a tout une avalanche de meurtres qui semblent plus faciles et impunis les uns que les autres, mais on y trouve aussi les fausses pistes de rigueur, le mobile est intéressant, et le moyen employé pour disposer de la tête de l'un des cadavres carrément original. Quant à la postface présentant la totalité de l'année 1898 dans l'esprit de l'almanach, elle est plaisante et instructive. En somme, un très bon moment de lecture que cette nouvelle aventure de nos libraires passionnés de mystère !
