Les Chroniques de l'Imaginaire

Loar - Henry, Loïc

Emrodes, le souverain de la planète Loar, a six jours avant de donner sa réponse quant à l'ultimatum lancé par Asbjorn, le régent du système de Melen. Ce jeune roi a bien des raisons de prendre son temps avant de répondre. D'une part, il n'est pas régnant depuis très longtemps, suite à la mort de son père. D'autre part, la planète Beltz a explosé suite à l'utilisation d'une mystérieuse arme sur Melen. Si Asbjorn sait détruire une planète à distance, nul doute que la prochaine cible soit Loar, la planète qui a causé la défaite de sa précédente campagne contre les neuf royaumes. D'ailleurs, Emrodes va devoir consulter tous les dirigeants des neuf royaumes avant de donner sa réponse, puisqu'ils sont tous concernés. Asbjorn désire ce qui n'a jamais été fait : réunir sur une même bannière tous les systèmes de l'Univers connu. D'ailleurs, il est soutenu - tout en gardant une attitude neutre - par les prêtres de Kreis selon la parole de son archiprêtre, Evzek.

Néanmoins, tous les avantages ne sont pas forcément entre les mains des hommes de Melen. En effet, la guerre dépendra de plusieurs facteurs : l'espionnage, la connaissance des noeuds spatios, et enfin la compétences des capitaines mercenaires Latars d'une part, et de l'analyse des spols. Heureusement, un événement imprévu sur Loar va permettre de mettre un point de départ aux possibilités de résistance : un des étudiants de l'université est devenue spol... et ce faisant a fait une découverte dans le domaine des mathématiques qui, appliquée à l'échelle planétaire, permettrait de créer une parade à l'arme de Melen. Le soucis, c'est que ces équations sont trop difficiles pour être démontrées par les professeurs dans un temps court tout du moins, et de l'autre c'est que cela suppose que les hypothèses données sur l'arme de Melen sont les bonnes. Faut-il croire le travail du spol ?

Space opera ! Voilà l'énormité du travail de Loïc Henry qui ne s'est pas contenté de créer une histoire de science-fiction, mais bel et bien un univers à part entière, avec ses tenants et aboutissants, ses voyages spatiaux, ses règles précises en cela... et même son lien avec l'ancienne Terre, avec carrément un historique que l'on découvre au fur et à mesure du scénario. D'ailleurs, on découvre le monde en suivant les chapitres avec des liens entre chaque peuple qui se lient d'une façon parfaitement cohérente et ordonnée. Loïc Henry présente au préalable l'Univers connu, les forces en présence, puis d'autres systèmes plus lointains. Il n'oublie pas un petit côté ésotérique, voire mystique en ce qui concerne le fonctionnement des noeuds spatiaux. C'est véritablement un plaisir que d'avancer dans ces pages pour découvrir une foultitude de détails qui deviennent souvent par la suite des éléments essentiels dans le récit.

Ajoutons une écriture fluide malgré le véritable pavé à lire, mais qui se lit très facilement (à peine une demi semaine pour ma part), une réflexion sur l'intérêt d'une religion unique ou un ensemble de religions, l'importance d'une éthique dans la manipulation des gènes sur la viabilité d'une population, et enfin quelques appendices pour en savoir plus sur la fameuse parade, un glossaire et un lexique. Du grand art ou je ne m'y connais pas. Ajoutez la rigueur de la direction littéraire et de la relecture façon Griffe d'Encre et une superbe couverture signée Alexandre Dainche pour vous donner une idée du produit final.

Bref, c'est un énorme coup de coeur que j'adresse à Loar, roman auto-suffisant même si tout ce qui a été créé appelle largement à des suites, tout du moins aux yeux du lecteur que je suis. Il y a largement la matière à cela, tant il reste de mystère à résoudre. Nous ferez-vous ce plaisir M. Henry ?