Dans un recoin du grand désert nord-africain vivent le roi Arrigulan et son peuple. Un jour, Arrigulan entend trois voix. Ces voix se dirigent vers sa tente : ce sont un devin, un marabout, et un expert dans les sciences religieuses. Tous les trois lui prédisent un grand bonheur, un neveu. Mais ce neveu prendra un jour sa place. Effrayé par ce présage, Arrigulan fait tuer le nouveau-né de sa soeur. Les années passent, et Arrigulan se demande si le bébé était vraiment celui de sa soeur. Ne serait-ce pas plutôt Adelaseigh, le fils d'une esclave, qui a accouché la même heure ? Adelaseigh devra déjouer les pièges de Arrigulan, qui veut sa mort, et ses péripéties nous emmèneront auprès des Imazighens, les Hommes libres.
Si le conte est une agréable lecture, le plaisir de le lire n'égale pas le plaisir de l'écouter. Dès les premières notes, nous sommes déjà loin, en Afrique. Le son des harpes et du violoncelle accompagne le récit du début à la fin, se fait plus intense lors des moments cruciaux, se glisse entre deux évènements comme une transition. C'est un enchantement, il suffit d'écouter le récit les yeux fermés pour se croire dans un tout autre pays. Et quelle voix que celle de Hamed Bouzzine ! Une vraie voix de conteur, qui met beaucoup d'ardeur à adapter le ton aux évènements. Tantôt douce, tantôt effrayée, tantôt courroucée...
Le jardin des mots conseille ce conte aux enfants dès 8 ans, mais les adultes apprécieront tout autant d'écouter cette histoire. C'est un voyage, dans un autre pays, une autre culture, d'autres traditions. Le texte est très bien écrit, avec de jolies phrases pleines de mystère. Les plus jeunes se laisseront certainement porter par la voix et l'histoire sans en percevoir toutes les subtilités, mais les adultes pourront apprécier l'ouvrage dans toute sa mesure. Les illustrations de Sophie Auvin, aux traits simples et aux couleurs vives, correspondent à l'esprit du conte. Une réussite à tous points de vue !
