Oskar a grandi dans la banlieue de Stockholm avec sa mère. Il a douze ans et presque aucun ami, ceux-ci s'étant progressivement détachés de lui en sixième, époque à laquelle il est devenu le souffre-douleur des gros bras de l'école. Humiliations et coups sont son lot quotidien. Le jeune garçon a alors pris l'habitude de collectionner les coupures de presse en rapport avec les meurtres violents ainsi que les magazines gore, se disant parfois qu'il pourrait être le tueur en série dont il lit les uvres. D'ailleurs, un jour, il prend un couteau de cuisine et commence un jeu dans lequel il serait le coupable du meurtre de quatorze personnes à la recherche de sa nouvelle proie. Quand il la trouve, il s'acharne sur elle avec une violence inouïe. Bien évidemment, ce n'est qu'un jeu fantasmé et la victime un tronc d'arbre. Mais le lendemain, Oskar apprend le meurtre d'un garçon près de l'endroit où il jouait. Coïncidence ?
John Ajvide Lindqvist nous entraine dans une banlieue pauvre de la capitale suédoise, un endroit où il ne se passe généralement rien mais qui va devenir le centre dévènements étranges qui vont bousculer la vie de ses habitants.
On suit le quotidien morne de personnages sans espoir, enfermés dans leur médiocrité, qui semblent subir leurs vies plutôt que d'y prendre part. Mais une série de meurtres va bouleverser cette routine asphyxiante. Des histoires se croisent, se frôlent, se rapprochent puis s'éloignent et on se rend compte au final qu'elles ont toutes un point commun. C'est un roman d'une rare violence mais également rempli d'amour qui se déroule sous nos yeux lentement à la manière d'un long hiver suédois. Il est très loin de ce qu'on attend en général d'un thriller même si l'éditeur a choisi de le ranger dans cette catégorie. C'est un savant mélange de fable sociale, peinture acerbe des laissés pour compte de la société suédoise, d'histoire d'amitié teintée d'amour, de policier et d'une relecture totalement inédite et intrigante d'un thème classique de la littérature fantastique. On y rencontre des monstres même si on finit par se dire que les plus terribles ne sont pas forcément les plus évidents.
Malgré un rythme un peu trop lent à mon goût mais qui se justifie car c'est le reflet de la vie des personnages, Laisse-moi entrer est un ouvrage à découvrir. À noter qu'il a donné lieu à deux adaptations cinématographiques, une suédoise, lautre américaine, sous les titres Morse et Laisse-moi entrer.