Nul ne peut imaginer plus tragique destin que celui de Tirius Barkhan. Les senthaïs, ces insectes sanguinaires, cruels et sans pitié, ont massacré sa famille. Reccueilli dès son plus jeune âge par l'arrogant Polonius, prince héritier et frère de l'impérator, il sera trahit une première fois par celui à qui il avait voué sa vie. Pour le défendre et le protéger, il était prêt à sacrifier sa vie. Un seconde fois, il se battra pour lui. Il accordera son pardon et engagera l'avenir de sa femme, de son ami et le sien. La réparation ne viendra pas. Pire, c'est une nouvelle trahison que devra endurer le jeune Ishwen.
Il est pourtant des hommes que la vie ne brise pas, et que chaque épreuve rend plus fort. Il est une prophétie qui prédit la venue d'un soldat barbare dont la force et le courage seront inégalable. Il est une prophétie qui attend le "Laïsham"...
Eh bien, voilà une oeuvre qui tout en répondant à toutes les composantes essentielles de la fantasy s'en détache à sa manière. Curieux me direz vous ? Eh bien oui.
Un avertissement s'impose avant toute autre considération: si vous êtes fan des happy end, ou des drames qui ne servent qu'à finalement nous rendre plus heureux, n'approchez pas ce livre, vous risquez d'extrêmement mal le vivre. L'ambiance, bien qu'évoluant ostensiblement tout au long de l'histoire, y est clairement noire. Le roman s'ouvre sur l'assasinat de ses parents (et de sa mère enceinte...) se poursuit par une fuite effreinée ponctuée de décapitations, des trahisons, un viol, et autres joyeusetés dans le genre... Et malgré cela...
Quatre actes, quatre chapitres, quatre tranches de vie... Avec à chaque fois un style différent, mais une fluidité et une simplicité égale. Un peu comme une manière très réaliste d'écrire de la fantasy. On ne décrit pas un Ishwen, tout le monde en connait un dans son entourage. C'est un peu l'état d'esprit dans lequel semble se placer l'auteur.
Le héros frise parfois la naïveté maladive et perd de par la même un peu de crédibilité, mais la capacité qu'a Fabrice Colin à imprimer son récit et ses images dans notre imaginaire est tellement énorme que finalement... cela fonctionne.
Au dela de la personnalité même de Tirius Barkhan en qui, disons le, on a parfois du mal à reconnaitre le sauveur du monde, c'est une réelle critique de la nature humaine que l'on sent transparaitre au travers de ces lignes. La dualité de l'homme bon et de l'homme mauvais, l'éternel débat opposant John Locke et Rousseau, retranscrit et retravaillé. Une interprétation très personnelle qui donnera probablement à réfléchir à certains.
Vengeance est un roman court, trop court presque. On fini avec comme un goût de pas assez. On pourra peut être lui reprocher son titre qui finallement correspond soit au nom d'une épée qui n'apparait qu'au deux tiers du roman, soit à LA vengeance du héros, vengeance à laquelle il renoncera systématiquement et après chaque trahison.
Globalement, c'est un bon roman, avec lequel vous passerez de bonnes heures de lectures. D'autant que le prix est particulièrement attractif pour ce genre de publication... N'hésitez plus !