Une mallette mystérieuse, artefact unique d'une race depuis longtemps disparue, permet au tueur sans nom de transférer sa conscience dans le corps de son choix, tout en s'accaparant les souvenirs personnels nécessaires pour l'approche de ses cibles. Cela fait de cet homme un assassin exceptionnel dont les contrats se négocient au prix fort. Sautant de corps en corps depuis des siècles, il a ainsi atteint une certaine forme d'immortalité.
Mais il en paie le prix : il a oublié beaucoup de ses souvenirs lointains, effacés par le temps ou volontairement oblitérés grâce à la machine. Il a oublié son origine, et même son nom... Et il est sujet au "cauchemar noir", des crises aigües de souvenirs entremêlés qui le laissent impuissant et se font de plus en plus fréquentes au fil des transferts successifs. L'angoisse taraude l'éternel voyageur : d'où vient le cauchemar noir ? Qu'arrivera-t-il quand les crises trop rapprochées ne lui laisseront plus aucun répit ?
Le roman s'ouvre sur une discussion entre le tueur et un homme dont il a choisi de parasiter le corps, ce qui amène directement le lecteur dans le vif du sujet. L'emploi de la première personne pour nous faire vivre les événements du point de vue du tueur rend cette impression encore plus forte. Dans la première partie, on découvre ainsi un professionnel froid et méthodique, sans état d'âmes bien qu'il ne tue que des gens qui le méritent et évite au maximum les dégâts collatéraux.
Mais il n'est pas infaillible et un jour un grain de sable vient s'immiscer dans la mécanique bien huilée de sa vie. L'occasion de se remettre en question, peut-être ? A partir de là, le héros nous apparait de plus en plus humain au fil des pages. Et le lecteur déjà bien accroché et curieux (après tout, lui aussi aimerait bien savoir le pourquoi du comment !) n'a plus d'autre choix que de dévorer la fin du roman ! Ce qui permet au passage de réfléchir sur l'immortalité, la conscience et les souvenirs...
L'intrigue prend place dans un futur où les hommes ont colonisé l'univers, à l'aide de Portes aimablement laissées derrière eux par les extra-terrestres qui ont également créé la fameuse mallette. Voyages dans l'espace, planètes exotiques aux coutumes surprenantes... Le lecteur est plongé dans un environnement fouillé et dépaysant qui agrémente agréablement le récit. Les personnages secondaires, même croisés brièvement, sont brossés avec suffisamment d'adresse pour être cohérents. Si j'ajoute que le style de Laurent Genefort est vivant et dynamique, vous comprendrez qu'on a ici affaire à un excellent roman.
En bonus, l'ouvrage inclut également une courte nouvelle avec le même héros, dont les événements se déroulent clairement avant ceux relatés dans Mémoria mais dont vous apprécierez plus la lecture après (comme elle est présentée dans le livre). Il y a également un lexique, qui n'est pas nécessaire à la compréhension (je l'ai découvert après avoir fini le roman et ça ne m'avait pas manqué), mais qui recèle quelques idées intéressantes : n'hésitez pas à en faire la lecture, fût-ce en diagonale.