Les Chroniques de l'Imaginaire

Le pacte des Immortels (Le pacte des Immortels - 1) - Nylund, Eric

Eliot et Fiona ne sont pas des ados comme les autres. Leur mode de vie pourrait les faire passer pour des amishs. Devoirs en cours du soir à la maison, vêtements cousus main, pas de télé, pas de musique, pas de jeux, pas de livres de science-fiction... Tout cela n'est pas bon pour l'éducation et la concentration. Eliot et Fiona vivent entre leur grand-mère hyper autoritaire et leur arrière grand-mère un peu zinzin et maladroite.

Pas d'amis, et pas de famille... Enfin tout du moins le croient-ils... Et peut être aurait-il mieux valu que les choses restent ainsi. Vaut-il mieux se croire seul au monde ou découvrir que notre famille est plus ou moins immortelle, farcie de pouvoir phénoménaux, et ne souhaite qu'une chose, notre mort ? Et tout cela le jour de nos quinze ans ?

Je ne dirais qu'une chose : je veux la suite !

Enfin, on dépoussière un peu la mythologie sans pour autant la démolir. Eric Nylund s'était pourtant aventuré sur un terrain miné. Réinterpréter la grande famille des dieux de l'Olympe n'était pas chose facile, et les rendre un peu plus "humains" et accessibles non plus. Et pourtant, c'est ici une réussite.

Bien que complexes, les liens entre les personnages sont tout à fait réalistes, et si l'on a du mal à saisir au départ qui est qui, notre lanterne s'éclaire en même temps que celle des jumeaux Post. Et ces personnages ont tous une vie propre, une profondeur et une réelle personnalité qui s'affirme au fils des pages.

Le récit coule avec un telle facilité que la lecture nous laisse un sentiment d'inéluctabilité incroyable. Tout est fluide, l'écriture est simple, mais chaque mot est à sa place. Parfaitement accessible donc aux adolescents à qui l'ouvrage est destiné, tout en restant interessant pour un lecteur un peu plus averti. Alors bien sûr, il y a bien quelques développements que l'on pouvait prévoir (comme l'identité véritable du vagabond), mais cela reste marginal et ne gâche en rien le plaisir de la découverte.

Et si l'on cherche un peu plus loin, le constat est sans appel : c'est une vision du monde bien pessimiste que nous offre l'auteur. On ne trouve pas l'habituel distengo gentil/méchant, mais plutôt quelque chose comme machiavélique sanguinaire et manipulateur contre conservateur jaloux et sans scrupule dénué de tout sentiment. Pas facile et probablement un peu noir pour nos chères têtes blondes... cela le serait sûrement sans l'espoir infiniment humain que représentent Eliot et Fiona.

Un très bon moment en perspective, et je ne peux que vous recommander vivement cette lecture, et attendre avec une impatience non dissimulée la fin des aventures des enfants Post.