Belle n'est pas mon prénom mais c'est ainsi que les membres de ma famille me surnomment. C'est donc sous ce pseudonyme que j'ai choisi douvrir ce blog pour y raconter mes états d'âme et ma vie. Commençons par les présentations : j'ai seize ans et je vis dans le centre de New-York avec mon père et mes deux surs. Autant vous le dire tout de suite, je viens d'un milieu huppé, même si je ne m'y sens pas particulièrement à ma place. Alors que je devrais me passionner pour la mode, les sorties et les hommes riches comme mes deux soeurs, je préfère le calme et la lecture. Pourtant, un soir, j'ai accepté de les accompagner à la soirée d'ouverture du nouveau club où il faut être vu : le Cocteau, dont le propriétaire, Beaumont, est, à ce qu'on dit, aussi riche que mystérieux. Toutes les femmes rêvent de tomber dans ses bonnes grâces. Quelle ne fut pas ma surprise, suite à cet évènement, de recevoir une invitation pour une soirée privée, par Monsieur Beaumont en personne, via mon blog. Je décidais d'y répondre favorablement mais je ne savais pas encore à quoi cela m'engageait.
La couleur est annoncée dès la quatrième de couverture : Mary Temple nous propose une vision contemporaine du mythe de La Belle et la Bête. Une belle jeune fille, un homme monstrueux, de la magie, effectivement, on pourrait se croire de retour dans le célèbre conte. On s'amusera des références à l'original et à ses adaptations comme le nom de la Bête qui n'est autre que celui de l'auteur ayant popularisé l'histoire ou le nom du club, clin d'oeil au cinéaste nous ayant proposé une magnifique version cinématographique. Bien évidemment, le message de l'ouvrage est clair : il faut voir au-delà des apparences qui se révèlent souvent dangereusement trompeuses. La beauté intérieure est la seule qui compte et elle est capable de transcender les physiques les plus repoussants.On remarquera l'originalité de l'écriture, retranscription d'un blog avec en prime les commentaires des lecteurs, même si le langage SMS de l'un deux est particulièrement horripilant, bien que je puisse comprendre son utilité pour ancrer le récit à la réalité.
Maintenant, j'ai surtout été frappée par l'incongruité des situations. A l'heure où on explique à nos adolescents les dangers d'Internet, on voit une jeune fille prétendument intelligente (c'est elle qui le dit) accepter des rendez-vous de la part de parfaits inconnus croisés sur la Toile. Sans parler du fait qu'on se demande comment ces personnes ont réussi à accéder à son blog. Même en passant outre cet aspect du récit, l'histoire n'arrive pas à nous emporter. Déjà, l'héroïne est passablement agaçante, passant son temps à claironner son intelligence, sa non-superficialité alors que ses actes nous prouvent l'inverse. Et surtout, l'imaginaire mis en place par Mary Temple manque de crédibilité. Les évènements s'enchaînent sans aucun éclaircissement ou explication. J'ai parfois eu l'impression de raccourcis, comme si elle cherchait à intégrer un élément sans penser au contexte. Elle joue aussi trop sur le politiquement correct comme le prouve ses prises de position vis-à-vis du 11 septembre. Elle aurait facilement pu jouer sur la catastrophe et l'intégrer plus en avant dans son intrigue mais on a le sentiment quelle se freine comme si elle craignait la censure.
Le blog de la belle est donc un roman à la construction originale mais qui pêche tant au niveau de l'intrigue que des personnages.