Au XIVe siècle, un monstre infernal du nom de Daemonius Unicornus ("le démon unicorne") fit de tels ravages qu'un ange exterminateur, la superbe Angela, fut envoyé pour le détruire. Voilà qui ne faisait pas l'affaire du puissant Cornélius : adepte de l'équilibre, le mage était tourmenté à l'idée que le Bien prenne l'avantage sur le Mal (ou inversement), mais également anxieux des dégâts collatéraux occasionnés par le combat imminent. La solution ? Statufier face à face les deux combattants, maintenant ainsi l'équilibre pour les siècles à venir...
Mais le mage n'avait pas suffisamment tenu compte de la bassesse des hommes. Quelques six cent ans plus tard, les deux dormeurs se réveillèrent : le démon parce qu'un voleur lui avait dérobé sa corne, l'ange parce qu'un collectionneur peu scrupuleux lui avait brisé les ailes. Privés de leurs pouvoirs, perdus dans un monde qui leur était étranger, les deux adversaires n'avaient pas pour autant oublié leur antagonisme, mais ils avaient également des soucis bien plus pressants : une secte sataniste était prête à tout pour mettre la main sur la corne magique... et sur la créature - maléfique ou angélique, peu importe - dont le sacrifice leur permettrait d'accéder à ses pouvoirs !
Philippe Halvick nous propose ici une version moderne du combat éternel entre anges et démons. Rien de classique ici pour autant : les deux héros sont bien obligés de mettre leur rivalité de côté pour survivre, vu qu'ils doivent éviter tant la secte qui les poursuit que la police, fort intéressée par les meurtres qu'ils laissent dans leur sillage. Leur association ne sera donc pas une surprise pour le lecteur, mais celui-ci ne pourra que se réjouir des chamailleries incessantes des deux alliés forcés.
Le récit est raconté en alternance par le démon, qui s'est choisi le prénom passe-partout de Damien, et par l'ange Angela. On les voit ainsi s'adapter à leur nouvel environnement, mais également prendre peu à peu plaisir à leur nouvel état d'humain, finalement bien plus gratifiant que leur état précédent car non borné par une séparation simpliste entre le Bien et le Mal : la vraie vie, quoi ! Damien abandonne un peu vite à mon goût ses penchants sanguinaires, mais pour compenser la belliqueuse Angela a bien du mal à lâcher le morceau : après tout, elle est un ange exterminateur, pas un être de bonté et de compassion !
Les personnages secondaires ajoutent un cadre intéressant : le mystérieux Cornélius, le pauvre inspecteur Bloch (qui perd la boule à essayer de donner sens aux évènements fort peu cartésiens auxquels il est confronté)...
Le style est simple et direct, très visuel, bien adapté au rythme rapide du récit et à ses nombreux rebondissements. Il est cependant dommage qu'il soit gâché par de petites fautes qu'une relecture attentive aurait permis d'éviter : virgules baladeuses, fautes de grammaire, tirets coupant des mots simples qui ne devraient pas en avoir, mélange parfois incorrect de l'imparfait et du passé simple... Rien de bien grave, mais suffisamment fréquent pour être signalé.
On obtient au final une agréable lecture de détente, mêlant aventures et humour léger, tout à fait sympathique.
