Nous sommes en France, dans un futur proche. Des soldats approchent d'un endroit où des enfants sont apparemment regroupés. La particularité est qu'ils sont munis d'un émetteur à ultrasons qui dérange fortement les oreilles des plus jeunes, et que les adultes n'entendent absolument pas. Le groupe de soldats avance, jusqu'à ce que l'un d'eux fasse une petite chute, qui a le malheur de briser l'émetteur. Grand mal lui en a pris, car aussitôt une véritable horde d'enfants affamés, n'ayant rien à envier aux zombies de Walking Dead, s'en prend férocement aux soldats.
La nouvelle de l'attaque parvient à l'agence qui gère ce genre d'opérations. C'est là qu'on retrouve Amina Rivière, une femme à la recherche d'un emploi. Amina souhaite faire partie d'une équipe de prélèvement et se fait expliquer maintenant les choses par son supérieur hiérarchique. Il se trouve que depuis deux ans, un mystérieux virus contamine uniquement les enfants. Ces derniers sont irrémédiablement transformés en monstres sanguinaires, assoifés du sang de leurs propres parents. Le phénomène s'est, depuis, généralisé à l'ensemble de l'humanité.
Cependant, les enfants en question ne perdent pas tout espoir : en grandissant, l'effet des hormones annule les effets du virus. Ainsi, les adolescents redeviennent normaux. Le problème est qu'ils sont alors à la merci des plus jeunes qui ne possèdent pas encore les hormones en question... C'est là que les prélèvements interviennent, avec la mission très dangereuse d'extraire les enfants les plus vieux, sur le point de redevenir normaux...
L'idée de Pierre Boisserie est tout à fait forte avec ce premier tome de La rage, édité chez 12bis. Nous ne sommes pas là avec une simple histoire de zombies, puisque ces derniers sont les enfants, et redeviennent normaux par la suite... De plus, l'aspect politique est important : il a été décidé que la procréation est interdite avant d'avoir pu trouver un vaccin permettant de guérir les bébés immédiatement.
Par ailleurs, l'intérêt de ce tome réside dans les désaccords entre les adultes. On retrouve ainsi Amina dans le camp de ceux qui souhaitent conserver la vie de ces monstres, et Fred, son ex-mari, dans le camp de ceux qui souhaitent les exterminer purement et simplement, devant l'immense danger qu'ils représentent. Un scénario en tout cas extrêmement bien ficelé, qui met l'accent sur pas mal de problématiques différentes, et qui donne tout sa richesse à ce premier tome.
Les dessins ne sont pas en reste : Malo Kerfriden, le dessinateur de KGB chez Soleil, a un trait fin et détaillé, faisant surtout la part belle aux expressions des visages. Côté zombies, l'homme se défend bien, même si on est loin de la maîtrise d'un Charlie Adlard qui reste une référence avec son célèbre Walking Dead.
Ce premier tome de La rage se défend et s'en sort avec les honneurs. Il propose d'autres choses que Walking Dead (qui va encore tout dévaster avec le quatorzième tome qui vient d'arriver chez Delcourt), ce qui est tout à son honneur, et qui lui évite une comparaison qui serait difficile avec la série américaine. Les amateurs d'aventures et du genre apprécieront !