Rebecca est une journaliste. Elle s'intéresse à "ces hommes" qui ont tué toute leur famille pour fuir, recommencer une autre vie. Elle fait appel aux souvenirs de Steve, seul survivant du massacre, pour écrire un livre sur ces actes terrifiants. A neuf ans, Steve est orphelin : son père a tué son frère, sa sur et sa mère à coup de fusil. Lassé d'attendre le dernier membre de la famille, le père s'enfuit en laissant l'étendue de l'horreur, sans la moindre explication de son acte.
Mémoire assassine est un véritable thriller psychologique. A travers les lointains souvenirs et les impressions de Steve, ils vont, Rebecca et lui, déterminer ce qui pousse un homme à passer à l'acte, à faire un trait sanglant sur sa vie actuelle. Pris dans le tourbillon des hypothèses, le personnage principal doute sur l'intérêt de sa propre vie, sur les grandes décisions qui l'ont mené là. Étrangement, le lecteur ne peut s'empêcher de ressentir la détresse présente et de se poser des questions sur ses propres objectifs. Notre vie est telle que nous l'avons choisie. Alors pourquoi envier celle du voisin ? N'y a-t-il pas d'autres facteurs qui ont fait que notre destin ressemble à ça ? Entêtant, non ?
Et pourtant, le roman de Thomas Cook avait commencé poussivement, présentant les personnages avant de décrire l'événement tragique. Comment s'intéresser à des personnes sans connaître les raisons de leur présence ? A ce moment-là, deux mots apparaissent régulièrement, entêtants : avant Rebecca. Qui est-elle ? Part-on vers le récit d'un adultère ? Ca énerve. Soudain, tout s'explique : le livre, d'autres meurtres, la quête du pourquoi ... Le rythme s'accélère au fur et à mesure que Steve se rappelle du passé et réfléchit aux circonstances. A partir de ce moment-là, le dénouement devient aussi vital que la présence de Rebecca pour notre héros. On est accros.
Pointdeux est une édition présentant le livre de poche sous une autre forme. Car il devient vraiment le livre que l'on peut mettre dans sa poche : 8 cm de large et 12 de long. Alors comment ont-ils fait pour imprimer un roman sur un livre si petit ? Les lignes sont écrites sous format paysage, donc deux pages restituent un texte d'une page du livre de poche traditionnel. Et surtout, les feuilles sont très fines comme du papier à tabac. Ce n'est pas facile à manier. Tout au long du roman, pour ne pas couper mon élan, j'ai dû préparer la page suivante pendant que je lisais. C'est le seul point négatif. Car pour le reste, tout est revu pour favoriser un maximum de confort : le livre qu'on peut ouvrir entièrement sans abîmer la tranche, la couverture rigide pour un meilleur maintien et la légèreté.
Mémoire assassine a été un roman psychologique, qui m'a secoué. Jamais je n'ai été autant dans la tête du personnage principal, jamais je n'ai tant douté. Il est, sûr, un déclencheur au renouveau : changer de vie ou changer de point de vue ? C'est pour moi un véritable coup de cur. Je n'hésiterai pas à le montrer tant par son format novateur que par la tornade qu'il suscite sur nos vies. Et un final... à ne pas manquer.