Nous sommes à New-York, en 1998, six mois après le terrible attentat qui a coûté la vie à 508 personnes qui ont aujourd'hui leur statue dans la ville. Parmi elles, un boxeur noir, Providence. Les responsables de ce massacre n'ont toujours pas été retrouvés, et les recherches se concentrent notamment sur Joshua Logan, un ancien soldat qui a vu son enfant mourir quelques jours avant les attentats. Tout porte à croire que Joshua a agi pour se venger, même si tout le monde n'en est pas forcément persuadé...
En tout cas, le coup d'éclat a maintenant lieu : Joshua Logan en personne se rend à la police, dans un prime médiatique qui fera date dans l'histoire des Etats-Unis. L'homme a changé physiquement, et il dit vouloir aider les enquêteurs à faire toute la lumière et la vérité sur les attentats. Josh se dit innocent, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est convaincant. D'abord, il a attendu si longtemps afin de protéger sa femme, Xuan Thuong.
Le problème, c'est que Josh est détesté des masses populaires : les gens veulent sa peau, aussi bien dans les médias, que les hommes de la rue, ou même les autres prisonniers qui lui en veulent d'avoir tué le jeune boxeur noir Providence. Dans ces conditions, difficile de trouver un avocat, étant donné que les commis d'office trouvent toujours une bonne excuse pour se voir désaisis de l'affaire. C'est Xuan qui parvient à dégoter l'oiseau rare, en la personne de Cyrus, un avocat noir profondément humain. Cyrus partage sa vie avec un autre homme, un ancien journaliste, et le couple en question y voit entre autre un bon moyen de se remettre sur les rails financièrement.
Mais la bêtise humaine aura elle aussi son mot à dire dans cette histoire, tandis que Jessica Ruppert, la maire de New-York fraichement élue après les attentats, souhaite en savoir un peu plus sur la vérité, en ne sachant plus si la thèse de la mafia est encore à croire...
Au niveau du scénario, ce premier tome de Car l'enfer est ici est sans doute un des livres les plus aboutis de l'année, au même titre d'ailleurs que Les enfants de Jessica, autre suite du Pouvoir des innocents sortie il y a peu de temps. Les deux séries bénéficient de personnages charismatiques et fouillés, et peuvent entre parenthèses se lire indépendamment des cinq tomes du Pouvoir des innocents.
Graphiquement, David Nouhaud (dessinateur du one-shot Maxime Murène chez Delcourt) au dessin et à la couleur fait de véritables miracles avec les mises en scène de Laurent Hirn. Tout est beau ici, des décors aux personnages, en passant par des plans savamment trouvés qui plongent le lecteur dans l'ambiance des meilleurs polars à grand spectacle. Certaines cases et certains jeux d'ombre ne sont pas sans rappeler les travaux d'un certain Jean-Pierre Gibrat, notamment dans sa dernière série, Matteo, la plus aboutie graphiquement, chez le même éditeur au demeurant...
Vous l'aurez compris, ce premier tome de Car l'enfer est ici est un incontournable qu'il est impensable de ne pas posséder jalousement dans sa bibliothèque !