La Perle Pourpre est l'une des maisons closes parisiennes les plus luxueuses de la fin du XIXe siècle. Un endroit raffiné, où les messieurs de la bonne société viennent pour se rencontrer et bien sûr également pour s'amuser avec les charmantes et souriantes hôtesses.
Chimère, une jolie orpheline de treize ans à peine, sans ressource mais bien éduquée, est vendue à la Perle Pourpre. Sans illusion, elle est bien décidée à tirer le meilleur parti de sa situation imposée pour se libérer au plus vite de sa dette. Elle ne va pas tarder à découvrir l'envers du décor, bien moins reluisant que les somptueux salons de sa nouvelle prison : madame Gisèle mène ses filles d'une main de fer, jouant de punitions et d'amendes pour contraindre de jeunes femmes qui ne valent guère mieux que des esclaves. Pas question de décevoir le client, fût-il violent, et surtout pas question de s'enfuir...
Au vu de ce bref résumé, on pourrait craindre d'avoir affaire à une BD osée et vulgaire, mais rassurez-vous, ce n'est pas le cas. Certes, les filles portent des tenues suggestives, mais les parties de jambes en l'air nous sont principalement épargnées. On se concentre plutôt sur ce qu'il se passe en coulisses, et là c'est beaucoup moins drôle : jalousies, chamailleries, et même bagarres, entre elles les filles ne sont pas tendres ! C'est leur manière de se protéger face à la dureté de leur vie, si agréable en apparence, si difficile dans la réalité. Elles sont désabusées, bien conscientes de leur condition, et ça fait plutôt froid dans le dos.
En parallèle des premiers pas de Chimère dans sa nouvelle vie, nous avons également droit à une deuxième intrigue, centrée sur les difficultés de Ferdinand de Lesseps à faire creuser un canal à Panama après son succès à Suez : sabotages, difficultés financières... J'avoue que pour le moment j'ai un peu de mal à m'y intéresser et à voir en quoi cela va rejoindre l'intrigue principale. On verra dans les prochains tomes.
Les dessins sont superbes, précis et vivement colorés, avec des décors XIXe qui nous plongent parfaitement dans l'ambiance de la Belle Epoque. On peut seulement regretter qu'ils ne soient pas aussi travaillés que l'illustration de couverture, particulièrement réussie.
Le scénario se tient bien qu'il manque d'originalité, et la fin - qui laisse Chimère dans une situation délicate - devrait sans difficulté tenir le lecteur en haleine jusqu'à la sortie du tome 2 !
