Après dix-huit années passées ensemble, la femme d'un historien d'art décide de partir. Pour où ? Combien de temps ? Définitivement ? Elle n'en dit pas plus, et lui ne pose pas de questions. Cet évènement déclenche chez lui une remise en question de son passé, de ses doutes, de ses choix.
Il a rencontré sa femme Astrid lorsqu'il était chauffeur de taxi. Elle voulait s'enfuir avec son enfant, lasse des infidélités de son mari, et n'avait nulle part où aller. Le narrateur lui a proposé l'hospitalité, et de fil en aiguille une petite fille est née. Ses souvenirs voguent entre cette rencontre, ses autres amours, son enfance, ses voyages de musée en musée pour étudier les tableaux.
Il s'agirait presque d'une biographie, qui ne suivrait pas l'ordre chronologique de sa vie. On apprend vers le milieu du roman qu'il a eu une enfance difficile, avec un père aimant mais absent à cause de son travail, et une mère comédienne qui n'accordait aucun intérêt à son fils. Dans sa jeunesse il a connu Ines, dont il était fou, puis Astrid, puis Elizabeth, qui fut une passade. Ce récit de souvenirs n'est pas toujours facile à suivre, car le narrateur passe d'une époque à une autre dans le même paragraphe, sans que ce soit toujours clair, et suivre le fil des évènements, notamment au cours des jours suivant le départ d'Astrid, est loin d'être évident. Par ailleurs, le début du roman n'est pas la partie la plus intéressante. Le narrateur se remémore sa femme, leur rencontre, et le thème du mari esseulé est tellement éculé qu'il est difficile de le rendre palpitant. Cependant, l'intérêt de l'histoire croît à mesure qu'on découvre ses petits secrets, ses faiblesses. Le récit est également agréable à lire grâce au talent d'écriture Jens Christian Grondahl. L'auteur use de phrases longues, avec beaucoup d'imparfaits, installant une langueur empreinte de nostalgie dans laquelle on s'installe doucement.
Silence en octobre est un beau travail sur le thème de l'introspection. Cela sonne vrai, comme lorsque nous-mêmes allons de pensée en pensée, tout en maintenant une trame littéraire. C'est aussi une réflexion pertinente sur l'amour, sans manichéisme, et sur le silence, tous ces non-dits qui biaisent les sentiments et les comportements.