Les Chroniques de l'Imaginaire

Box 21 - Roslund, Anders & Hellström, Börge

Stockholm, le lundi 3 juin. Dans un appartement cossu, Lydia, une jeune fille lituanienne reçoit son premier client. Victime d'un proxénète qui l'a attiré en Suède sous de faux prétextes, elle vend son corps à d'innombrables hommes, jamais moins de douze par jour. Au même moment Ewert Grens, commissaire de police, rend visite à son grand amour Anni, cloitrée à l'intérieur de son corps depuis cette arrestation qui a mal tourné vingt-cinq ans plus tôt, lui occasionnant de graves séquelles neurologiques. Non loin de là, Hilding Oldéus, un junkie tout juste sorti de prison cherche désespérément l'argent de son prochain fix. En apparence, ces personnes n'ont rien en commun et pourtant, le destin va les rapprocher.

Au premier abord, Box 21 peut sembler difficile d'accès. La multiplicité des personnages, des situations et des points de vue qui s’enchaînent à un rythme soutenu dans des chapitres courts peut vite devenir perturbant, surtout si, comme moi, on ne peut lire le début d'une traite. Mais très rapidement, l'action se met en place, les relations entre les différents protagonistes s'éclaircissent et on se laisse entrainer dans l'histoire.

Les deux auteurs dénoncent ici un phénomène de société malheureusement répandu : la prostitution forcée des jeunes filles de l’Est et cette sorte d'immunité dont semblent jouir leurs tortionnaires. Le récit est sans complaisance, dur, d'une noirceur absolue. Il nous laisse un sale goût dans la bouche, l'impression qu'il n'y a rien à faire, que l'esclavage sexuel est une composante inéluctable de nos sociétés et c'est moche. Les personnages ne sont pas des héros, aucun d'eux. Tous ont leur part d'ombre et tous vont faire des choix qu'on trouvera facilement répréhensible. Impossible de sortir indemne de cette lecture, tant le message est fort et pessimiste. A découvrir d'urgence.