La dernière bande dessinée de Marc-Antoine Mathieu lue par mes soins et également parue chez Delcourt, il s'agissait du one-shot Dieu en personne, un ouvrage hautement philosophique où l'Humanité complète intentait un procès à Dieu, afin que ce dernier endosse tous les maux qui surviennent sur cette pauvre petite Terre. Un ouvrage original donc, qui plaçait la barre assez haut au vu de cette qualité.
L'auteur revient ici avec un livre dépourvu du moindre phylactère (sans bulle, quoi, à l'image des nuff-said dans certains comics américains). L'exercice a déjà été tenté, notamment aux Etats-Unis, ou dans certaines livres pour la jeunesse (Château Chat, ou encore Le petit monde de Père Noël). Mais là, l'originalité est double, dans le sens où, temporellement, il se déroule exactement trois secondes (d'où le titre !) entre la première et la dernière planche de cette histoire.
Cela démarre avec un homme qui a une arme pointée sur lui, et cela se terminera avec une balle tirée de cette arme, et qui fera mouche quelque part. Entre temps, le lecteur, ou plutôt le spectateur, assistera à de nombreuses scènes parlant de scandale sportif, ou de catastrophe aérienne. Le fil conducteur ? Il s'agira d'un zoom sur un reflet d'une scène sur une autre...
Tout se base donc ici sur les zooms sur les reflets d'une montre, d'une paire d'yeux ou de lunettes, ou encore d'un éclat de verre... Bien souvent, il est possible de lire les gros titres d'un journal (à l'endroit ou à l'envers, en fonction du reflet).
L'ouvrage est donc bien ici doublement original. Certes... Cependant, la question est bien de savoir ce que le lecteur cherche en ouvrant une bande dessinée. Ainsi, l'ouvrage pourra être encensé par la critique, il n'en restera pas moins une oeuvre qui ne présente pas la moindre bulle, comme je le disais... De quoi retirer sans doute l'intérêt de nombreux lecteurs.
Un livre original, mais dont on peut tout de même s'interroger sur le véritable intérêt, même si les prouesses techniques sont également là...