Ils sont cinq jeunes désoeuvrés un peu paumés qui préparent un mauvais coup. Nous sommes en pleine campagne, avec vue sur un troupeau de vaches. On retrouve notamment Karim, un marocain qui a dégotté le plan, ainsi que Lucas, une grande gueule, un gars pas très fin, franchement bourrin même... Les adolescents en question guettent une riche villa dont les propriétaires sont un couple de personnes âgées. Apparemment, il y a un coffre dans cette immense baraque, et cela devrait être un jeu d'enfant de se faire le pactole, d'autant que le couple en question part en ville...
Mais une fois sur place, force est de constater que le coffre a changé. Le soi-disant spécialiste de ce genre d'engins ne parvient absolument pas à l'ouvrir. La fortune ne sera sans doute pas encore pour cette fois, sauf pour Lucas qui propose de tout simplement attendre le troisième âge. Après tout, en leur faisant un peu peur, ces vieux richards devraient cracher le code, non ?
Pas vraiment en fait... Une fois les propriétaires rentrés, ils sont effectivement surpris, mais Lucas n'est pas non plus un modèle de sang froid. Il finit par abattre la maîtresse de la maison, et à planter Karim qui n'était pas d'accord avec cela. Pire, le couteau a été oublié à côté du mari éploré. Un mari qui sait parfaitement s'en servir étant donné son lourd passé dans l'armée. Par cette belle nuit de pleine lune, la proie va vite se transformer en chasseur, et devenir un véritable cauchemar vengeresque vis-à-vis d'une bande d'amateurs...
Un one-shot signé Hermann et son fils Yves H. au scénario, cela ne se refuse pas vraiment, après des titres comme Liens de sang paru dans la collection Signé du Lombard il y a quelques années... Tout se passe ici dans une campagne bien éloignée de la civilisation, dans ce qu'on pourrait bien appeler un huis-clos ! Le décor est planté, de nuit qui plus est, et le livre n'a bien rapidement plus rien à envier à de nombreux scénarios de films d'horreur. Pourtant, la maîtrise de Yves H. se fait bien rapidement sentir. En peu de planches, les différents protagonistes de cette histoire sont cernés et leurs réactions deviennent logiques. Le rythme est très rapide et haletant, ne laissant que peu de répit au lecteur avant d'arriver à la fin de ces planches. Mention spéciale pour le vieil homme qui passe de la victime qu'on éplore au tueur froid qu'on redoute.
Côté dessins, on retrouve le trait inimitable de Hermann, mais une colorisation à mon sens insuffisante par rapport à d'autres séries comme les très bons On a tué Wild Bill ou Lune de guerre, disponibles dans la collection Aire Libre de chez Dupuis. Qu'à cela ne tienne : le trait reste nerveux et laisse la place aux mouvements également dans quelques scènes bien senties. Un one-shot qui parvient à scotcher le lecteur sur place, et c'est tout ce qu'on demande à ce duo d'auteurs !
