Les Chroniques de l'Imaginaire

Country blues - Bathany, Claude

La famille Argol vit à l'abri des regards dans sa ferme bretonne. Entre la soeur, les trois frères et la mère, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Cécile est un garçon manqué fasciné par les armes, Dany est le cow-boy, Jean-Bruno le reclus de la ferme et Lucas s'exprime à travers sa marionnette, Olivia. Le roman relate des évènements sur deux journées, presque ordinaires à leurs yeux, alors qu'ils ne soupçonnent pas toutes les implications qui se cachent derrière.

Dans le petit village arrive Flora. On ne sait pas d'où elle vient, mais Dany et Cécile veulent tous deux lui mettre le grappin dessus. Flora parle à peine et reste effacée. Son arrivée va faire resurgir le passé, mais toujours sans que les Argol s'en rendent compte, ni le lecteur dans un premier temps.

Chaque chapitre correspond à la narration interne de deux personnages. D'abord un Argol, puis un Moullec. Les Moullec possédaient la ferme habitée par les Argol auparavant, et les deux familles sont liées par une histoire qui se révélera au fur et à mesure. Si la fratrie Argol nous raconte le présent, les Moullec se chargent du passé qui vient éclairer les faits déclenchés par l'arrivée de Flora.

L'intrigue est très bien mise en place. On ne sait pas où on va au départ, pourquoi le récit des Moullec vient s'insérer à celui des Argol, mais petit à petit le tableau se dessine. La seule ombre à ce tableau est le style. C'est une écriture brute, truffée d'expressions trop modernes pour figurer dans un roman à mon sens, et suintante de vulgarité. Les personnages de la famille Argol mettent mal à l'aise : entre l'idiot et l'incestueux, la zoophile et l'homme en rut, on flotte au milieu de la bestialité. Et l'impression qui se dégage au final est que Country Blues possède la trame d'une bonne histoire, mais mal écrite. Je suis persuadée que ce type de roman possède un lectorat, mais pour ceux qui aiment lire de jolis mots et de belles phrases, mieux vaut passer son chemin.