La cantatrice Ida Rosenkranz, étoile montante de l'Opera de Vienne, est morte suite à une consommation excessive de laudanum, apparemment. Suicide ? Accident ? Meurtre, d'après les conclusions du médecin légiste. L'enquête s'annonce délicate pour Oskar Rheinhardt, même avec l'aide de Max Liebermann. En effet, la jeune femme était liée à un bon nombre d'hommes puissants : déjà, le directeur de l'Opera, Gustav Mahler, n'est pas un homme facile à interroger, surtout quand il a une crise sur les bras ; et quand il se chuchote que le bourgmestre, Karl Lueger, pourrait être impliqué, juste avant une élection importante pour lui...
Le roman se déroule dans le monde musical, ce qui permet entre autres de mesurer l'évolution des moeurs et usages dans ce domaine en un siècle. Par exemple, Mahler est détesté pour son attachement "fanatique" à la lettre des partitions, et "qui a envie de chanter Mozart ?" sonne de façon très étrange, de nos jours ! Bien sûr, la profession du Dr Liebermann permet aussi à l'auteur de nous montrer Sigmund Freud, alors peu connu, et, grâce au personnage de Saminsky, combien Freud était en décalage par rapport aux habitudes de travail de ses confrères.
En somme, tout cela est passionnant et très instructif pour le lecteur curieux. Celui qui cherche une bonne intrigue n'est pas oublié pour autant, puisque l'enquête est bien développée. La double enquête, devrais-je d'ailleurs dire, puisque Liebermann a décidé d'en savoir plus sur un possible meurtre datant de quarante ans. Vraiment un très bon moment de lecture signé par un F. Tallis au mieux de sa forme.