Nous sommes au Japon, il y a fort longtemps, dans la province de Musashi (une région où on trouve l'actuel Tokyo). Le vieux Mosaku est avec le jeune Minokichi, dans la forêt enneigée, lorsque Mosaku tombe à l'eau. Minokichi parvient à le sauver de la noyade, mais le vieillard est maintenant trempé et le froid est une grande menace pour sa vie. Le village est loin, et dans les parages, il ne reste qu'une vieille demeure à l'abandon, que l'on dit hantée... Tant pis pour les vieilles rumeurs : il n'y a pas d'autre choix pour Mosaku de toute façon...
Mais durant la nuit, une mystérieuse belle femme fait son apparition dans cette demeure. Sous les yeux ébahis de Minokichi, elle prend la vie de Mosaku. La dame en question n'est autre que Yuki-Onna, un démon au coeur de glace. La femme démon en question est troublée par la beauté de Minokichi, et lui laisse la vie sauve. Elle met tout de même un point un pacte avec lui : jamais il ne devra révéler à quiconque ce qu'il aura vu ce jour là, sous peine d'un grand malheur. Minokichi est alors torturé par ce secret, et devient même irrascible, jusqu'à ce qu'il rencontre une belle jeune fille célibataire comme lui, avec laquelle il se voit bien faire sa vie.
Voilà pour un yôkai (conte japonais) que l'on peut trouver dans ce recueil. D'autres parsèment ce livre, d'autres provinces, comme celle d'Omi (l'actuelle préfecture de Shiga) où un homme fait pleurer une créature des mers car cette dernière pleure des rubis, pierres qu'il faudra amonceler afin de constituer la dot pour la plus belle femme de la région. D'autres parlent de vengeance dans le Japon médiéval, ou encore de démon dévoreur de cadavres tout frais...
Les yôkai sont donc des contes japonais connus de tous les japonais, à la manière de ceux que l'on peut découvrir chez nous. Ici, c'est Jean-David Morvan (rappelons qu'il habite le pays du soleil levant) qui est à l'origine de ce recueil, et qu'il scénarise d'ailleurs ces planches en s'inspirant librement de toutes ces histoire. Leur point commun est qu'elles sont bien souvent sanglantes : il n'est pas rare de croiser des têtes sectionnées par les sabres de samouraïs et autres guerriers dans l'Histoire de ce pays.
Les planches sont ici graphiquement à la charge de Saito Naoki. On y retrouve des traits fins faisant la part belle aux expressions des protagonistes, ainsi que des couleurs chatoyantes qui mettent particulièrement en avant les décors que l'on croise dans ce voyage au pays du soleil levant. Une belle alternative en tout cas aux contes de Perrault ou de La Fontaine : les histoires sont tout aussi belles et pleines de morale, tout en changeant de nos habituelles histoires.
Un livre renfermant des histoires franchement intéressantes, et à mettre entre presque toutes les mains !
