Les Chroniques de l'Imaginaire

Calibre (R&B - 6) - Bruen, Ken

Il écrit un journal. Un journal dans lequel il retranscrit ses crimes. Des crimes parfaits si semblables à des accidents qu'il a dû écrire à la police pour leur parler de son existence et de son but : il tuera tous les affreux. Les malpolis, les violents, tous les agresseurs à la petite semaine qui s'en prennent à leurs proches et nuisent à la paix sociale. Il entre chez eux et les noie, les pousse sous un métro ou les égorge dans leur bureau. Il est très fort, et très malin, il est comptable, et doué en plus. Le sergent Brant et ses collègues n'ont qu'à bien se tenir parce qu'ils pourraient bien être les prochains sur sa liste, eux et leurs mauvaises manières.

Calibre est le deuxième tome des enquêtes de Brant (fait qui ne se ressent absolument pas à la lecture, mais que j'ai découvert sur le site de l'auteur). Dans un langage littéraire, autant que je puisse en juger à travers la traduction, assez simpliste à la limite de la vulgarité, on découvre des personnages, principaux comme secondaires, névrosés, malheureux, manipulateurs, engoncés dans des modes de pensée primaires plutôt agressifs envers autrui.

Après plus de deux-cents pages de cette lecture à l'insalubrité latente, les émanations du texte se sont infiltrées dans nos pensées, à l'image des vapeurs de "dope" qui embrument petit à petit le roman et le plonge de plus en plus dans un univers glauque underground. On est alors saisi d'un besoin irrépressible d'aller prendre une douche, de se dire que les flics ne sont pas tous pourris et qu'une petite ballade au soleil nous remontera le moral. Car en tant que lecteur il nous est difficile de choisir son parti entre un sociopathe plutôt attachant ou des pseudos gentils bien corrompus qui passent leur temps à se tirer dans les pattes... Et Ken Bruen ne nous facilitera pas le travail avec son dénouement à l'antipode du happy end. Gloire donc à l'exécrable et à celui qui saura au mieux piétiner ses concitoyens, et faisons fi des développements narratifs prometteurs qui ne mènent finalement à rien ! Bref un grand sentiment de gâchis et d'inachevé en fond de bouche pour ce roman à la couverture pourtant si intrigante et prometteuse.