Ignatius Martin Perrish, plus connu sous le nom d'Ig ou Iggy, se réveille un matin avec de drôles de cornes sur la tête. Il faut dire qu'il a encore une gueule de bois carabinée avec ce qu'il s'est mis la veille au soir. Il attend un peu, mais les cornes ne disparaissent pas. Comment sont-elles arrivées là ? Qu'a-t-il bien pu faire pour mériter cela ? Il n'en a aucune espèce d'idée. Il faut dire qu'il s'est lâché comme il faut. Fêter le premier anniversaire du meurtre et du viol de sa petite amie avec qui il venait juste de se disputer avant que cela n'arrive, cela n'a rien de particulièrement réjouissant. Surtout quand tout le monde pense que c'est vous le meurtrier. Parce que si toutes le preuves ont brûlées avec le labo et qu'elles ne permettent donc pas de l'accuser, elles ne permettent pas non plus de l'innocenter. Du coup, Ig s'est mis minable.
Quand il émerge un peu plus, il voit Glenna, la fille avec qui il vit. Histoire de se tenir compagnie, pour que la vie soit moins triste que tout seul. Étrange, elle ne fait pas des bonds dans tous les sens en désignant ses cornes. Il ne doit finalement pas en avoir. Mais elle se met aussi à lui parler comme jamais, à lui dévoiler des choses qu'elle semblait garder au fond d'elle et qu'elle n'aurait jamais pu avouer à quelqu'un. Alors pourquoi lui en parler ? Et pourquoi maintenant ? La réponse est évidente : les cornes. Et Ig va vite se rendre compte que ce n'est pas une bonne chose quand les gens vous disent vraiment ce qu'ils ont au fond du cur. Surtout quand des gens proches vous prennent pour un meurtrier. Ig ne sait sans doute plus grand-chose sur la vie, mais il sait avec certitude une chose : il n'a jamais tué Merrin.
Et si les cornes lui permettaient au moins d'en savoir plus sur sa mort ? Jusqu'à, peut-être, découvrir qui est le véritable assassin ?
J'ai découvert Joe Hill à travers Locke & Key, un comic qu'il scénarise et que j'ai vraiment adoré. Du coup, quand son dernier roman, Cornes, est sorti, j'ai voulu savoir ce que cela donnait en roman. Eh bien je dois dire que j'ai trouvé ce que je cherchais. Une narration vive, très sensorielle, qui nous emporte dans une histoire sordide mais qu'on ne peut lâcher. Ig est le profil du paumé qu'on aimerait éviter pour ne pas qu'il nous colle pour nous raconter sa vie et ses problèmes. Mais, finalement, avec ces cornes qui arrivent dans sa vie, il va changer du tout, reprenant du poil de la bête et devenant même celui qu'il n'a jamais osé être.
La deuxième partie du roman, qui se passe dans le passé d'Ig, quand il rencontre Merrin, m'a clairement fait penser au même genre de chapitres que le paternel de Joe Hill sait écrire. Je veux parler de Stephen King. Le même genre d'ambiance qui fonctionne à tous les coups alors qu'au final il ne s'y passe pas grand-chose. Mais savoir comment et pourquoi les personnages sont liés est toujours intéressant, surtout si c'est écrit de telle manière qu'on s'y croirait. Et Joe Hill semble avoir hérité du talent de son père pour ça.
Même si certains détails dans les explications m'ont parus plus moyens que le reste, Cornes est une lecture plaisante et riche. Sordide aussi, glauque parfois, mais réellement passionnante. Elle donne envie de découvrir les autres écrits de l'auteur. Et aussi envie qu'il y en ait d'autre comme celui-ci. C'est tout ce qu'on lui souhaite et à nous aussi.