Le groupe de Cindy et Stan poursuit son long périple vers l'Alaska. Ils ont dû prendre le risque de passer par la montagne en plein hiver, mais cela leur offrira peut-être une faible protection. Seulement, les deux meneurs s'inquiètent pour Geoff et Kitrick. Geoff est malingre, malade et n'a peut-être pas la constitution nécessaire pour survivre encore longtemps. Et Kitrick n'a pas l'envie de vivre. Il faut dire que ce qu'il lui est arrivé est horrible. Alors qu'il se baignait, une bande d'infectés est arrivé sur la plage et a tué sauvagement sa femme et ses deux enfants sous ses yeux alors qu'il était là à s'amuser, sans pouvoir rien faire. Ce sont des choses qui marquent les gens. Mais bon, en attendant la mort, il suit le groupe et ne le ralentit pas. Pas trop.
Le groupe va bientôt intégré un nouveau membre : Brett. Du point de vue de Stan, c'est le plus gros connard qu'il ait jamais rencontré. Du point de vue de tout le monde d'ailleurs. Un connard prétentieux. Mais cela fait toujours un tireur de plus et il est arrivé avec des vivres. Quand les temps sont durs, on fait moins la fine bouche sur ses relations. Stan va aussi se faire un nouveau copain, un chien. Il va décider de le garder avec lui. Il partagera ses rations. Mais comme le chien semblait vouloir le suivre, comment refuser ?
Tout ça ne doit pas leur faire perdre de vue que la bande de Grosse Pine les poursuit inlassablement. Oui, les infectés s'organisent et arrivent à se donner des buts. Et c'est certainement ce qu'il y a de plus dangereux dans ce monde fou.
Après un premier tome qui ne faisait pas dans la dentelle, j'ai trouvé que celui-ci calmait un peu le jeu. Du moins du côté des infectés. Plus de scènes terribles. On sait de quoi ils sont capables, pas forcément besoin d'en rajouter des caisses. Par contre, on va en apprendre de belles sur les personnages. Bien sûr, il y a l'histoire de Kitrick, qui est vraiment horrible. Voir les gamins se faire défoncer le crâne au loin alors qu'on est dans l'eau est un cadrage très bien pensé. Et puis il y a l'histoire de Geoff. Sous son air de grand-père gentil comme tout se cache un autre personnage, que personne n'aurait pu supposer. Quelqu'un de terrifiant. Et puis, Stan va devoir encore faire des choix. Enfin, peut-on vraiment parler de choix ? Mais il va s'exprimer une nouvelle fois par la violence. Les survivants sont-ils en train de perdre leur humanité ? Ou cette humanité est-elle en train de muter elle aussi ?
Le virage qui a été pris est tout ce qu'il y a de plus engageant et logique. Une fois l'attention du lecteur attirée, on peut parler d'autres choses et développer un peu les personnages. Parce qu'ils sont quand même ceux qui sont au centre du récit. Garth Ennis a bien assuré sur ce coup. De son côté, Jacen Burrows assure toujours un dessin de bonne qualité. Son trait a quelque chose qui pourrait laisser penser qu'il ne maîtrise pas forcément tout. Pourtant, quand vous regardez dans le détail, vous verrez qu'il n'en est rien. Il a simplement un trait différent. Et il sait très bien mettre en place des cases pleines de détails. Les visages qu'il dépeint sont expressifs comme il se doit. On ressent la terreur, la honte, l'indifférence et on ne peut que l'on remercier. Parce que sans cela, le récit ne fonctionnerait pas.
Ce deuxième tome de Crossed tient donc ses promesses. Le récit choc se poursuit pour l'horreur indicible. Et nous, voyeurs pervers, on aime et on en redemande.
