Les Chroniques de l'Imaginaire

Le ministère de la peur (Horologiom - 6) - Lebeault, Fabrice

Horologiom est une cité qui vit sous un strict joug mécaniste, la bureaucratie y étant omniprésente. Chaque habitant a une clé implantée dans le crâne, qui lui évite toute déviance ; plus la clé - remontée avec assiduité - tourne vite, plus son possesseur peut se propulser vers les classes supérieures de la société.
Mais même dans cet univers qui a banni toute émotion, les hommes ne sont pas étrangers à des sentiments tels que la bassesse ou l'ambition. Le Service des Violences Privées, dirigé par le Major Meursy, a pour tâche de traquer et exécuter les criminels. Et voilà que s'annonce une enquête particulièrement intéressante pour tuer l'ennui des froids mois d'hiver : la tête décapitée de l'agent Tineq est retrouvée dans la neige...

Que ceux qui, comme moi, n'ont pas encore lu le cycle composé des cinq tomes précédents d'Horologiom se rassurent : ce sixième tome est en fait une histoire indépendante située dans le même univers, qui peut parfaitement se lire seule. L'intérieur de la couverture nous brosse en quelques cases les données indispensables pour plonger dans cet univers si particulier ; de plus, les premières planches nous présentent tranquillement la ville et les personnages à travers une enquête de routine, avant que nous ne rentrions pour de bon dans le vif du sujet.
Le sujet, justement, c'est une enquête policière qui se déroule de manière assez traditionnelle. L'auteur n'oublie pas pour autant les surprises et rebondissements, le crime cachant des ramifications inattendues (et bienvenues pour le lecteur). Les personnages sont hauts en couleurs, même s'ils sont parfois trop stéréotypés, et le plaisir est au rendez-vous.

Les dessins sont très précis, avec une grande clarté. D'ailleurs, les cases qui se concentrent sur les personnages ont rarement de décor de fond. Par contre, les cases qui permettent de découvrir une vue plus large d'Horologiom sont un délice, d'innombrables détails permettant de découvrir une cité où les machines en tous genres ont la part belle : véhicules terrestres et aériens étranges et très divers, architecture composée de tours et de ponts aux formes originales, automates utilisés à tout-va.
Les couleurs, tantôt vives tantôt pastels, sont variées mais omniprésentes ; leur uniformité apporte une touche un peu décalée, rendant le monde assez irréel.

Cette première édition propose un bonus : un cahier graphique de quelques pages présentant le travail préparatoire de Fabrice Lebeault. Une raison de plus de ne pas bouder cette BD bien réussie.