Le point commun entre les trois petits cochons, les vampires, une statue mortellement érotique, Alice au pays des merveilles ou un ado rebelle malgré la puce implantée sous sa peau ? A priori aucun, et pourtant si : tous ont fait les frais de la plume cynique et acérée de Catherine Dufour. Voici la version poche, augmentée au passage, de son étonnant recueil de nouvelles précédemment paru aux éditions Le Bélial'.
21 textes variés qui rendent le recueil inclassable, dans des genres qui vont du fantastique au merveilleux en passant par la science-fiction ou même la cruelle réalité. De l'humour (souvent très noir), de l'émotion, du bizarre... L'auteure change de registre et de ton sans jamais oublier son humanité.
L'écriture est travaillée mais sans lourdeur, utilisant les richesses de la langue française d'une façon qui ne saurait être que celle d'un auteur francophone. Par exemple, si, comme moi, vous n'aviez jamais vu utiliser le verbe gésir à l'infinitif d'une manière qui semble pourtant parfaitement naturelle, vous pourrez ici combler cette lacune.
Je ne vais pas vous détailler toutes les nouvelles. Si je devais cependant en retenir quelques unes, je vous parlerais - dans l'ordre de présentation, faute d'un choix plus judicieux - de :
vergiss mein nicht : poétique histoire de fantômes dans un paysage urbain pollué
la lumière des Elfes : poignante évocation des chefs-d'oeuvre artistiques disparus
Mater Clamorosum : fantaisie imaginée à partir d'une ritournelle bretonne
une Troll d'histoire : la seule nouvelle franchement humoristique du recueil, qui prend pour cadre le monde de Lanfeust de Troy
la perruque du Juge : celle-ci aussi est drôle, finalement, qui évoque le procès de Peter Pan et son châtiment
la liste des souffrances autorisées : sordide extrapolation sur l'utilisation de nouveaux produits pharmaceutiques
Il y en aurait d'autres à citer, bien sûr, mais il faut savoir s'arrêter. Vous découvrirez par vous-même ce dont je ne vous ai pas parlé en lisant cet ouvrage !