Nous sommes en 2058. Zach arrive sur Monplaisir, en provenance de la campagne terrienne et de la ferme parentale qu'il n'a jamais quittée. Zach est un garçon fort et vigoureux, même s'il est un peu trop rondouillard et sans doute encore niais. Zach se retrouve ici seul, après des adieux déchirants, notamment avec sa soeur. Il est venu avec son meilleur ami, une figurine d'Overtime, son héros fétiche... Zach est là pour faire le policier dans cette gigantesque mégalopole entièrement dédiée aux plaisirs sans limites. Le dernier endroit où on rit dans l'univers, d'après Springy, le maître des lieux, et son associée, la pulpeuse Alice...
Aussitôt arrivé, Zach est accueilli chaleureusement par Membertou, son coach. Ici, chaque visiteur a un déguisement à enfiler dès son arrivée, de Goldorak à Dark Vador en passant par Mickey ou un chevalier du Zodiaque... Pour Zach, c'est différent : un costume de policier lui est fourni, de quoi faire craquer les minettes venues ici pour s'amuser... Sitôt sorti, Zach est témoin d'un larcin : une visiteuse vient de se faire voler un sac. Zach s'apprête à réagir, mais n'en n'a vite aucun besoin : c'est Alice, le système d'information des lieux, qui prend le voleur en chasse et lui fait passer un bien mauvais moment.
Sur Monplaisir, les flics n'ont pas à se préoccuper de ce genre de petites affaires, et encore moins de la paperasse. Ici, c'est à une toute autre tâche que les policiers sont assignés. Outre le fait que l'appartement de Zach est bien sympathique, ce dernier fait la connaissance d'une fille quasiment nue dans l'ascenseur. Cette dernière est à disposition de tous les hommes de l'immeuble, et elle est curieusement bardée de publicités sur l'ensemble de son corps. De quoi se poser de sérieuses questions...
Puis, le premier meurtre a lieu, et ce n'est pas Zach mais Isham, un collègue plus doué à l'entraînement, qui s'y colle. La poursuite est entièrement filmée, et les paris sont ouverts. Il est impossible dans la cité d'échapper à ce jeu du chat et de la souris, et il est d'usage que les vacanciers parient à ce petit jeu...
C'est un monde entièrement travaillé que les lecteurs découvrent ici. Après Urban Games paru chez Les Humanoïdes Associés en 1999, Luc Brunschwig remet le couvert cette année avec Roberto Ricci, un autre dessinateur. Et le moins que l'on puisse dire est que le bougre est très talentueux... Ainsi, les planches sont magnifiques, aussi bien sur les plans rapprochés, sur les expressions des visages, que sur les plans larges nous permettant de scruter l'immense mégalopole.
Bien vite, on se rend compte que tout n'est pas rose à Monplaisir, notamment avec ces filles qui meurent de septicémie après y avoir passé plusieurs années... Au niveau du scénario, Brunschwig fait découvrir son monde progressivement, jusqu'à ce qu'on découvre ce qui attend les flics de la ville. Ces derniers sont étrangement pouponnés et préservés, et on voit pourquoi, puisque ce qui les attend est digne de ce qu'on peut voir dans un film comme The Running Man, adapté d'un roman de Stephen King.
Le monde en question est donc ici parfaitement fouillé, travaillé, rendu réaliste par le graphisme si détaillé de Ricci. Un premier tome autant jouissif qu'apocalyptique, qui rendra l'attente insupportable avant le second tome. Une sacrée actualité de qualité en tout cas pour Brunschwig chez Futuropolis, avec les tout récents et extraordinaires Les enfants de Jessica, et Car l'enfer est ici...
