Noé... A l'évocation de ce nom, on ne peut s'empêcher de penser à l'arche, les couples de chacun des animaux de la planète, le vieil homme barbu et aimant de la Bible. Balayons tout cela ici, et revenons bien en amont du fameux déluge. Noé existe bel et bien, mais n'a rien de ce vieillard aimant à la capillarité développée. Ce que Noé a de plus développé ici, ce serait plutôt les muscles... Ainsi, Noé est un jeune père de famille beau et musclé, bon mari et père de trois fils, dont le dernier est un bébé.
Noé et sa famille vivent sur une terre aride, où personne ne se souvient de l'époque où l'eau tombait du ciel. Alors, les temps sont durs, et les hommes ont bien du mal à trouver de quoi se nourrir. Alors, la violence est de mise en ces temps difficiles. Tout est prétexte à la dispute et à la violence. Dans ce monde, Noé cherche à prêcher la bonne parole auprès de ses semblables, mais il a bien du mal à trouver les oreilles qui acceptent de l'écouter. Pire, les hommes sont plutôt hostiles aux paroles de Noé...
Pourtant, Noé fait bien souvent le même rêve... Il voit la pluie tomber. une pluie torrentielle, hallucinante, qui envahit tout. Une seule solution pour y échapper ; aller vers les territoires interdits, ceux où vivent des géants autrefois également trahis par la fourbrie des hommes. Noé en parle à sa famille, et la dernière attaque de sa demeure par des hommes furieux achève de le convaincre : Noé et les siens se mettent en route vers les territoires défendus, et tant pis si le danger y est omniprésent...
C'est Aronofsky et son inséparable Handel qui sont au scénario de cette adaptation de Noé. Les deux hommes font plutôt dans le cinéma, avec des films comme Pi, Requiem for a dream ou le plus récent Black Swan. Cette vision de Noé se distingue profondément de ce qu'on peut imaginer collectivement. Ainsi, ce Noé beaucoup plus jeune et baraqué se rapproche beaucoup plus du héros de Mad Max, avec un monde post-apocalyptique qui n'a rien à y envier.
Ce monde est assez curieux, mais reste quelque chose de vaste, notamment grâce au graphisme de Henrichon (Pride of Baghdad). Ce dernier fait preuve d'une grande force dans ses planches, avec des couleurs lumineuses qui traversent régulièrement des paysages magnifiques, même s'ils respirent la désolation. Les effets de couleurs sont de toute beauté, notamment avec l'utilisation de bleus lorsqu'il est question d'eau et de déluges.
En résumé, un premier tome intéressant, dont le graphisme flamboyant aide beaucoup à rendre la vision crédible. La série est prévue en quatre tomes et se terminera en 2014, aux éditions du Lombard.