Roy Devine Junior aurait bien aimé être comme son père : un super flic. Malheureusement, son physique enrobé a réussi à le disqualifier des tests pour entrer dans la police. Alors, il essaye d'être détective. Mais les clients ne se bousculent pas au portillon. Seulement, il y a cette femme, Rachel Maddox. La femme de Bruce Maddox. Oui, on parle bien du héros de la série de films Traque Mortelle. Athlétique, vif, musclé, plein aux as enfin, ça c'était avant. Aujourd'hui, il a un peu vieilli, et les excès en tous genres ont un peu éteint son sex-appeal. Il y a moins de deux jours, Rachel a vu son mari partir de la maison avec deux énormes sacs remplis. De quoi ? Il n'a pas voulu le lui dire. Ce n'est plus forcément la vie de rêve dans le couple Maddox. Mais Bruce peut toujours compter sur le soutien de son producteur, Vadim Petrovich Razov. Un authentique criminel certifié provenant de l'Est. Que Roy Devine senior aimerait bien coffrer, soit dit en passant. Le monde est petit, vous ne trouvez pas ?
Blue estate c'est un thriller qui mêle gangsters, flics, drogue et belle pépé et dont la narration est comme les dessins : nerveuse. Au début, on se sent un peu perdu avec cette narration qui joue beaucoup sur les associations d'idées. On parle d'une chose qui fait penser à une autre qui fait penser à une autre et du coup, on n'a pas forcément tout de suite la réponse aux premières interrogations. On a l'impression d'une trame complexe alors qu'il n'en est rien. C'est relativement simple et sans cette narration atypique, cela tomberait dans le simpliste. Un peu comme le film Memento. Heureusement, ça n'est pas le cas et du coup on prend plaisir, quand on y est habitué, à cette narration chaotique.
Blue estate est aussi un récit cru. Outre la narration, on ne fait pas des ellipses pour parler d'un sujet. C'est direct et rugueux, comme la mafia russe dans laquelle on met les pieds. Ça a des côtés Les promesses de l'ombre de David Cronenberg. Ça n'est donc pas destiné à tout le monde. De toute manière, le type de dessin typé n'est pas grand public. Les couleurs aussi nous aident à plonger dans cet univers glauque, sombre et moite. On se sent parfois étouffé par les ambiances sordides et cruelles qui sont dépeintes. Ce qui prouve bien que ça fonctionne. C'est particulier, certes, mais ça fonctionne.
On possède donc là un titre prometteur. On ne demande qu'à voir la suite pour confirmer cette première bonne impression.