Eloi Lausnier travaille comme apprenti au Chariot d'or, l'orfèvrerie de son père qui espère bien voir son fils lui succéder. Mais à tout juste quatorze ans, celui-ci est maladroit et surtout il déteste rester enfermé. C'est pourquoi Antoine Lausnier l'envoie régulièrement en ville sous n'importe quel prétexte. Aujourd'hui, Eloi doit livrer un plat d'argent et il presse le pas car il est en retard. En chemin, il aperçoit un jeune garçon qui semble vouloir se jeter dans la Seine. Il l'accoste et celui-ci lui raconte son histoire : son frère Jean vient d'être emprisonné. On l'accuse d'avoir pris part aux vols qui se multiplient dans la capitale et touchent à chaque fois des objets religieux. Le fait qu'il soit issu d'une famille protestante ne joue pas en sa faveur, trois ans après la terrible nuit de la Saint- Barthélemy. Touché, Eloi va tout faire pour aider son nouvel ami.
Sophie Humann nous propose une enquête policière dans l'ambiance du Paris du XVIème siècle, à une époque où il ne faisait pas bon être protestant. Néanmoins, plutôt que de dépeindre la situation sous l'angle classique des héros seuls contre tous, elle choisit de montrer que de tout temps, des personnes ont eu le courage de s'opposer à ce qu'elles jugeaient injustes. On pourra éventuellement reprocher ce côté un peu trop optimiste, qui va jusqu'à trouver une pointe de sens moral même chez les plus individus les plus abjects. Mais n'est-ce pas juste la vie qui est ainsi, jamais noire ou blanche mais un savant dégradé de gris ? La lecture est facile, avec des chapitres courts et une action menée tambour battant. Le jeune lectorat aurait peut-être apprécié des renvois en fin de page ou un glossaire afin d'expliquer certains termes complexes. Un roman qui se lit vite et qui peut être une introduction à la situation historique de lépoque et une réflexion plus générale sur la liberté de culte.