Les Chroniques de l'Imaginaire

La porte perdue (Les mages de Westil - 1) - Card, Orson Scott

A treize ans, le jeune Danny North est mal dans sa peau. Il faut dire que dans le domaine rural où il vit avec toute sa famille, tout le monde a un pouvoir magique, sauf lui. Sa Famille est en effet celle des dieux norrois : Odin, Thor... et Loki. Voilà quatorze siècles, ce dernier a refermé toutes les "portes" qui reliaient Westil (leur monde d'origine) et Mittlegard (la Terre), privant les dieux Westiliens (Grecs, Celtes, Normands...) d'une grande partie de leurs pouvoirs. Depuis, la magie des Westiliens s'amenuise peu à peu.

Bref, Danny a beau essayer de se rendre utile, il est le vilain petit canard, méprisé de tous. Mais à l'instar du vilain petit canard, voilà qu'il se découvre un jour une aptitude extraordinaire : il est un portemage, capable d'ouvrir des portes qui mènent instantanément d'un point à un autre. Chouette talent, mais fort dangereux : les Familles se sont mises d'accord pour éliminer tous les portemages dès qu'ils sont repérés, afin d'éviter que l'une d'elles - disposant de ce fabuleux pouvoir - prenne l'ascendant sur les autres. S'il veut survivre, Danny doit fuir et apprendre seul à contrôler ses surprenantes capacités.

Sur Westil aussi, la magie devient moins puissante et les portemages sont traqués. C'est dans ce contexte qu'un "jeune" homme, retenu prisonnier dans un arbre depuis des générations, se libère une nuit. Amnésique, il ne sait plus d'où il vient et qui il est. On lui donne le nom de Boulette. Une seule chose est sûre : il est un portemage et doit le cacher...
Ce livre, qui introduit une nouvelle série intitulée Les mages de Westil, m'a laissé une impression mitigée. Cela manque de profondeur et donne la nette impression d'un roman destiné à un public jeunesse, bien que ce soit publié dans une collection pour adultes. C'est souvent un poil trop facile, réduisant la crédibilité et l'immersion du lecteur dans l'histoire. Heureusement, le récit est fluide et se déroule agréablement, malgré les faiblesses.

Les deux trames racontées en parallèles ne se rejoignent que sur la fin du roman. La première se déroule dans notre monde, on y suit Danny, jeune adolescent qui se cherche. Se retrouvant du jour au lendemain abandonné et traqué, il lui faut en premier lieu apprendre à survivre. Et pour cela, la tentation est grande d'utiliser ses dons, bien pratiques pour se livrer au vol en toute impunité par exemple... Heureusement pour lui, il va rencontrer fort à propos un certain nombre de gens qui vont l'aider et finalement devenir ses amis, et lui éviter de faire trop de bourdes vu qu'il est relativement inconséquent.
Côté Westil, on est plongés dans un récit de fantasy plus traditionnel, avec des rois, des intrigues politiques, de l'amour... Boulette est un personnage très adulte auquel on s'attache vite. Son passé s'éclaircit peu à peu, faisant ainsi avancer l'histoire.

Ce qui est intéressant, c'est le système de magie imaginé par l'auteur. Chaque mage est lié à un élément - pierre, vent, animal, etc. - qu'il doit aimer et servir s'il veut utiliser ses pouvoirs. Selon la puissance dont il dispose, il est qualifié de père (père-des-portes), de frère (frère-de-griffe) ou d'ami (ami-des-prés). Pas de formules magiques, de potions compliquées, chacun nait avec un pouvoir qui est le seul qu'il puisse utiliser.

Si ce roman est loin d'atteindre le niveau des oeuvres maîtresses d'Orson Scott Card, j'ai cependant passé un bon moment. Je ne le conseillerai pas pour découvrir l'auteur, mais c'est une bonne lecture détente.