Les Chroniques de l'Imaginaire

Fiasco ! Des écrivains en scène - Robertson, Robin

Fiasco ! est un florilège de moments de solitude. Vous savez, ces moments où l’on a envie de s’effacer sous terre, ou comme le dit si bien Thomas Lynch « d’étirer sa lèvre inférieure au point de la rabattre sur sa tête, [et] déglutir rapidement pour disparaître. »

Ce recueil est centré sur des déconvenues littéraires. Quinze auteurs contemporains de langue anglaise (malheureusement un tiers d’entre eux n’ont pas encore été traduits en français) nous exposent avec fraîcheur et spontanéité leurs désillusions, que ce soit en début de carrière ou à l’apogée de leur succès. Des lectures publiques où le public présent est venu écouter quelqu’un d’autre, aux lectures où l’organisation est tellement pouilleuse que l’auteur s’enfuit en catimini après avoir petit-déjeuné dans un fast-food, sans oublier les lectures universitaires dans un amphithéâtre vide, tout y passe. Car écrivain est un métier à risques où l’on peut être obligé de ramper sous les caméras d’un plateau ou d’essuyer les quolibets non seulement de sa propre mère mais aussi des lecteurs qui sont rarement tendres : ils trouvent les personnages « merdiques », ils confondent un auteur avec ses homonymes, ou ils ont tellement une image préconçue d’un auteur et de ses sujets de prédilection qu’il est irrémédiablement classé dans une catégorie – drôle ou sérieux, intellectuel ou populaire, musicien ou économiste… « Les humiliations n’en finissent jamais. Il s’en trouve toujours une jusqu’alors inconnues pour nous tomber dessus au coin d’une rue » (Margaret Atwood). Car les auteurs ne sont pas des super-héros, et ce sont parfois eux qui tendent le bâton avec lequel ils se font battre !

Bref, on rit beaucoup avec cet ouvrage, court mais efficace, et on compatit. Car Fiasco ! humanise ces écrivains que l’on admire, car il nous présente leurs faiblesses et leurs petites mesquineries, et permet de les regarder presque comme des égaux, que l’on peut mettre sur un piédestal si cela nous chante, mais qu’il ne faut pas oublier de respecter. Peut-être deviendrons-nous des lecteurs moins cruels à l’avenir ?